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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/468

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    1. MONOPHYSISME##


MONOPHYSISME, LES ÉGLISES MONOPHYSITES

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quæ in libris illorum exstant fidei confessionibus, sed in ea quam liturgise ante communionem grsece, coptice et arabice jubent pronunciarl. Imo, quod magis mirandum videtur, consubstantialem Palri fatentur esse Christum secundum divinilalem, consubslanlialem nobis secundum humanitatem : quibus verbis cum Léo Romanus Pontifex summam orthodoxæ de Incarnatione fidei concluserit, non idcirco tamen orthodoxi sunt, cum in duarum naturarum professione nestorianam hæresim contineri perperam existiment, et eo nomine Chalcedonense concilium ejusque definitiones rejiciant. Liturgiarum orientalium collectio, Francfort-sur-le-Mein, 1847, t. i, p. xciv-xcv.

Dans une note à la liturgie syriaque de Dioscore, Renaudot déclare catégoriquement : Monophysilse commislionem naturarum, confus ionem et alleralionem rejiciunt : itaque eutychiani dici non possunt. Ibicl, . t. ii, p. 296. Il porte enfin un jugement d’ensemble sur la question dans une dissertation spéciale encore inédite, intitulée : De Jacobilarum sententia circa duarum in Christo naturarum unionem, et propose d’appeler les monophysites des Demi-Eutychiens, nom que leur avait déjà donné Bossuet dans son Discours sur l’histoire universelle, t. I, c. xi. Voici le passage principal de cette dissertation, qui résume bien le credo commun des Églises monophysites :

Duæ naturæ in unam coaluerunt, sed absque confusione, commistione, divisione, aut alteratione, aut immutatione, quæ nunquam vel levissimo momento separatæ post unionem fuerunt. Christus fuit homo perfectus : Quæcumque ad naturam humanam essentialiter pertinent, assumpsit, excepto peccato ; perfectusque Deus, natus a Pâtre ante sœcula omnia, natus in tempore secundum carnem ex Spiritu Sancto et Maria virgine, consubstantialis Patri secundum divinitatem, consubstantialis nobis secundum humanitatem. Unus Deus, unus Christus, una persona, suppositum unum, una substantia ex duabus, una natura ex duabus, una voluntas ex duabus, qui vere pro nobis in carne passus est, adeo tamen ut divinitas passionibus obnoxia non fuerit. Manuscrits français de la Bibliothèque nationale de Paris : Nouvelles acquisitions, n° 74 73 (t. xviii du fonds Renaudot, manuscrit autographe en latin, fol. 14-15).

Nous retrouvons là, la quintessence du monophysisme verbal. Ce qui paraît échapper à Renaudot, c’est la synonymie parfaite chez les monophysites des termes çûeriç, ûtz6g-z<xgiç, Trp6aa>7rov, synonymie sans laquelle leur doctrine paraît un rébus.

2. Richard Simon est encore plus explicite que Renaudot sur l’orthodoxie christologique des monophysites : A l’égard de leur créance, dit-il, tous les monophysites soit jacobites, soit Arméniens, ou Coptes et Abyssins, sont du sentiment de Dioscore touchant l’unité de nature et de personne en Jésus-Christ, et pour cela on les traite d’hérétiques, quoiqu’en effet ils ne diffèrent des théologiens latins qu’en la manière de s’expliquer. Ce que les plus savants d’entre eux reconnaissent aujourd’hui, ainsi qu’il paraît de la conférence que le P. Christophe Roderic, envoyé du pape en Egypte, eut avec les Coptes touchant la réunion des deux Églises ; car ils avouèrent qu’ils ne s’expliquaient de cette façon que pour s’éloigner des Nestoriens, mais qu’en effet ils ne différaient point de l’Église romaine, qui établit deux natures en Jésus-Christ. Ils prétendent même expliquer mieux le mystère de l’Incarnation, en disant qu’il n’y a qu’une nature, parce qu’il n’y a qu’un Jésus-Christ, Dieu et homme, que ne font les Latins, qui parlent, disent-ils, de ces deux natures comme si elles étaient séparées et qu’elles ne fissent pas un véritable tout. C’est aussi en ce sens que Dioscore, qui a adouci quelques termes d’Eutychès, lesquels paraissaient trop rudes, disait qu’il reconnaissait que Jésus était composé « de deux natures », mais qu’il n’était pas « deux natures » ; ce qui semble orthodoxe : car ils ne veulent pas avouer qu’il y ait deux natures en Jésus-Christ, de peur d’éta blir deux Jésus-Christs. » Histoire critique des dogmes, des controverses, des coutumes et des cérémonies des chrétiens orientaux, Francfort, 1693, p. 120 sq.

3. Bien qu’il n’ait pas soupçonné le sens spécial du mot cpûo-iç chez les monophysites, le savant Joseph Simon Assémani, dans sa Bibliotheca orienlalis, est obligé d’avouer à plusieurs reprises qu’entre catholiques et jacobites la différence sur la doctrine de l’incarnation est plus dans les mots que dans la chose. Il écrit à propos des ouvrages de Grégoire Barhebrseus : Vides Jacobitas cum catholica Ecclesia fere de nomine pugnare, et omnia quæ catholici de hypostatica unione docent et credunt, eosdem docere et credere naturam duplicem appellantes quam nos duas naturas, ut vere sunt, esse afjirmamus ; in quo circa ipsa philosophiæ principia hallucinantur, sibique manifeste coniradicunt. Bibliotheca orienlalis, t. ii, p. 289.

4. Récemment, F. Nau, en fréquentant les ouvrages des Syriens jacobites, est arrivé à la même conclusion : « Les jacobites n’ont jamais été eutychiens et les catholiques n’ont jamais été nestoriens. Dioscore n’a reçu Eutychès au second concile d’Éphèse, disent les jacobites, qu’après lui avoir fait anathématiser ses erreurs, et les catholiques n’ont reçu Théodoret et Ibas à Chalcédoine qu’après leur avoir fait anathématiser Nestorius… Les jacobites ne reconnaissent qu’une nature, mais elle est formée de deux, et ils ajoutent : sans confusion et sans mélange. Les catholiques reconnaissent deux natures, mais ils ajoutent : sans division, sans séparation… en une seule hypostase. » Dans quelle mesure les Jacobites sont-ils monophysites ? dans la Revue de l’Orient chrétien, t. x (1905), p. 131. Le même auteur propose, ibid., p. 134, d’appeler les monophysites non plus de ce nom, mais diplophy sites, c’est-à-dire partisans de la nature double.

2° Examen des doctrines des Églises monophysites. - — Pas n’est besoin, du reste, de recourir à l’argument d’autorité pour se convaincre que les Églises monophysites, dans leur enseignement officiel, sont restées fidèles à la doctrine des grands théologiens monophysites des v » et vie siècles, que nous avons exposée plus haut. Les preuves directes de ce fait abondent.

1. Tout d’abord, si nous prenons ces Églises A leur origine, au moment où elles s’organisent hiérarchiquement en groupes dissidents, nous les voyons toutes se déclarer contre l’eutychianisme. L’Église arménienne, qui, antérieurement à 374, jouissait déjà de l’autonomie canonique, ignora d’abord la querelle monophysite. Elle ne fut point représentée à Chalcédoine et, quand elle fut amenée à se prononcer sur le grand débat qui agitait tout l’Orient, l’Église byzantine se trouvait en plein schisme acacien et avait déjà sous crit VHénotique. Au grand synode de Vagharchapatan (491), elle-même accepta ce formulaire de foi, où la doctrine eutychienne est ouvertement condamnée. Sans doute, plusieurs synodes arméniens du vie siècle dirent anathème au concile de Chalcédoine, mais ce ne fut point par amour pour Eutychès. Les Arméniens, trompés par les premiers théologiens monophysites grecs et syriens, virent dans la formule du concile l’expression du nestorianisme, et c’est pour cette raison qu’ils la rejetèrent.

En 543, Jacques Baradée, disciple de Sévère et ordonné par Théodose, le patriarche monophysite d’Alexandrie, réussit à pourvoir le siège d’Antioche d’un prélat dissident. Dès ce moment, l’Église syrienne monophysite se trouve constituée. Mais ce n’est pas à l’erreur d’Eutychès qu’elie adhère : c’est au monophysisme verbal de Sévère et de Théodose, dont Jacques Baradée est le disciple et l’ami.

En Egypte aussi, malgré la controverse entre Sévère et Julien d’Halicarnasse, et en dépit des multiples sectes qui naissent pour disparaître presque aussitôt.