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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/517

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MONSABRE

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Puisque ses vérités n’ont pas perdu leur charme, il ne faut pas désespérer de notre temps. »

Voici comment se répartit la matière des dix-huit volumes : Dieu, 1 volumes ; le Christ, 6 vol. ; les sacrements, 5 vol. : les fins humaines, 2 vol., conclusion, 1 vol. Pour marquer l’unité de son œuvre, le P. Monsabré a donné à ses conférences, qui sont au nombre de 108. une numérotation unique qui court d’année en année. Cependant chaque carême l’orme une unité doctrinale, un chapitre qui se détache de l’ensemble.

Carême de 1873 : Existenee de Dieu. — Pour justifier humainement la loi surnaturelle, il faut compter sur le sentiment esthétique religieux qui se dégagera de la considération des arguments partiels. La beauté de tout l’ensemble de la doctrine proclame sa divinité (l re conférence). — Comment connaître des matières aussi élevées ? La réponse est qu’ilexisteplusieurs sortes de connaissance de Dieu : une connaissance commune, une connaissance de foi, une connaissance démonstrative par la causalité, une sorte de connaissance mystique que le P. Monsabré appelle connaissance par le principe d’éminence, enfin une connaissance par élimination, qui est une démonstration par l’histoire politique et religieuse (2e). — Pour affirmer l’existence de Dieu, on peut s’appuyer sur l’universalité de la croyance en Dieu chez les sauvages. C’est comme la mineure d’un vaste syllogisme dont le P. Monsabré emprunte la majeure à Cicéron et à Guillaume de Paris « En toute chose, dit Cicéron, le consentemnt de tous les hommes doit être considéré comme une loi de nature. » « Ce que confesse, et naturellement, la nature, ajoute Guillaume, est nécessairement vrai, car la nature ne peut pas universellement et naturellement mentir. » Voilà un axiome qui gagnerait à être éclairci. Le P. Monsabré donne aussi à l’universalité du sentiment de Dieu une portée qui demanderait à être vérifiée. Il montre l’utilité de la croyance en Dieu pour la paix sociale. Il fait une vive allusion aux événements de la commune de Paris en 1871 (3e). — Saint Thomas fournit les preuves classiques de l’existence de Dieu (4e). — Ce Dieu qu’on prouve ainsi est avant tout une personnalité. Notre Dieu est le Dieu d’un spiritualisme, presque d’un animisme. Toute cette conférence est de bonne philosophie et de tournure originale (5e). — Des modernes ont opposé à ce spiritualisme leur idole. Le P. Monsabré traite le positivisme de « sournois ». Ce serait une secte qui comploterait la ruine de la religion. Élevée à un tel degré de généralité, cette affirmation contient une part d’exagération oratoire (6*).

Carême de 1874 : Être, perfection, vie de Dieu. — -Le carême est un petit traité De Deo Uno et Trino fort simplifié à l’usage du grand public. Le P. Monsabré commence par étudier l’être de Dieu du point de vue de la puissance et de l’acte, de l’essence et de l’existence (7e). — Il soutient avec vigueur la thèse thomiste sur le rôle primordial de l’intelligence en Dieu. A propos de la liberté, il adopte sans réticence la thèse de lianes contre des théologiens trop disposes à méconnaître la primauté divine. « La science estl a connaissance des choses par leurs causes ; or qn’estce qlie Dieu par rapport à tous les êtres finis, qu’ils soient esprit ou matière… sinon la cause… Comment

cette cause qui connaît parfaitement ne connaîtrait-elle pas parfaitement son efficacité Infinie ? Il répugne que l’être premier demande aux créatures ce que sa nature possède de droit : 1a science parfaite… Ne pas borner la science de Dieu à une connaissance vague et générale… Dieu qui se connaît parfaitement ne peul

pas ignorer de qne Ile manière son essence est participée,

de quelle manière sa vertu est appliquée… Mouvements, vie, pensées, désirs, paroles du dehors et du dedans, tout lui apparaît sans composition ni

division dans l’unité de son essence… Que deviendrait son gouvernement s’il ignorait quelles recrues doit prendre sur son passage l’immense armée des créatures et par quel chemin il doit en faire dans son sein la suprême concentration… ? » (8e). — Liberté ou plutôt volonté de Pieu s’étudient par saint Thomas (9e). — Mais il existe en Dieu autre chose que les attributs de l’unité, il y a les processions de la Trinité. Bien avoir présent à l’esprit le caractère extrêmement mystérieux pour nous de ces processions divines (10e). — Raisonnable et mystérieux, le dogme de la Trinité rappelle la colonne d’ombre et de lumière dont parlent les textes sacrés (11e). — - Dieu est principe et fin de toutes choses, Omnia operatur propler seipsum. Pelle péroraison sur la grande bienveillance de Dieu pour nous : il nous a créés (12e).

Carême de 1875 : L’Œuvre de Dieu. — Le monde vient de Dieu, quoi qu’en puissent indûment penser certains transformistes ou même certains préhistoriens (13e). — Le P. Monsabré s’efforce de retrouver le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans les trois grandes qualités de l’harmonie du monde qui seraient le nombre, la mesure et le poids. Ce sermon qui a quelque chose de vague ne manque pas d’art ni d’émotion. Mais n’y a-t-il pas quelques excès à dire que « l’homme est note d’appel et centre harmonique des nombres de la terre » ? On goûtera davantage la paraphrase des vers de Hugo « Le monde est un livre, sans fin ni milieu, que chacun pour vivre, cherche à lire un peu… » (14e). — Saint Thomas fournit une angélologie complète pour le prédicateur (15e). — L’homme n’est pas un simple animal. Pour le prouver, le P. Monsabré fait une forte analyse de la pensée humaine riche de forces simples, permanente et créatrice, reflet d’intelligence et de liberté. Il explique ensuite comment l’âme est forme du corps (16e). — Il y a dans l’homme plusieurs beautés : anatomique, philosophique, physionomique, intellectuelle, morale, sociale. — La beauté la plus éminente de l’homme est loin de la matière (17e). — -Un petit exposé de la vie divine dans l’homme, un précis de la théologie de la grâce, suffit à faire désirer ce suprême don de Dieu (18e).

Carême de 1876 : Gouvernement de Dieu. — Ce carême contenait des questions bien abstruses, et le P. Monsabré a eu un mérite particulier en les vulgarisant, avec succès. Le gouvernement divin n’est que la création continuée (19e). — - C’est une question ardue que celle des rapports de ce gouvernement divin avec la liberté humaine (20e). — L’immutabilité des lois du gouvernement divin n’est pas modifiée par la prière, pourtant requise de notre part (21e). — La présence du mal dans le monde ne doit pas troubler la foi en un Dieu bon. Le P. Monsabré aboutit presque a cette conclusion que le mal moral est une épreuve de Dieu pour le bien. Mais il sait se garder des excès jansénistes (22 « ). — Sur cette question de la providence et de la prédestination, deux systèmes sont en présence : « L’un plus divin (le thomisme), l’autre plus humain (le molinisme) ; l’un fièrement assis sur les hauteurs de la métaphysique et, de là, contemplant tous les êtres et leurs relations, l’autre humblement appliqué à la connaissance expérimentale du jeu des facultés humaines et de leurs actes : l’un plus audacieux et plus ferme…, l’autre plus prudent et plus souple, l’un mieux compris des générations croyantes, l’autre plus sympathique aux générations raisonneuses (23e). - C’est à saint Thomas qu’il faut demander la connaissance exacte de l’action de la grâce

(24 « ).

Carême de 1877 : Préparation de l’incarnation. — Quel est le motif de l’incarnation : est ce simplement

la bonté de Dieu ou bien la rédemption du péché ? Le P. Monsabré pense que le motif le plus direct, n’excluant