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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/216

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THÉOLOGIE. CONTINUATION DE LA SCOLASTIQUE

giques et justification apologétique tant de la foi que de l’Église et de son magistère.

Sur la notion de théologie chez Luther : A. Humbert, op. cit. ; Ch. Gcerung, La théologie d’après Érasme et Luther, Paris, 1913 ; P. Vignaux, Luther commentateur des Sentences, Paris, 1935 ; R. Gagnebet, art. cité supra. — Sur la theologia crucis et la theologia glorise, cf. les thèses 19 et 22 de la Dispulalio lleidrlbergæ habita, 1518, et W. von Lœwenich, Lulhers Theologia crucis, 2’éd., 1933, p. 11-20.

Continuation et développement de la scolastique médiévale.

Des théologiens, dont plusieurs comptent parmi les très grands, continuent, non seulement quant aux principes, mais quant aux problèmes et à la méthode, la théologie de la scolastique médiévale. Ce sont des commentateurs qui, s’attachant à la doctrine d’un maître, la fixent par le fait même dans une tradition d’école. Incontestablement, l’autorité de saint Thomas, depuis sa canonisation, s’affirme et s’étend d’une manière exceptionnelle ; on peut mesurer ses progrès au cours des xiv et xve siècles. Cette faveur accordée à saint Thomas aura une grande répercussion sur la conception même de la théologie : d’abord par elle-même, par le développement de la tradition issue de saint Thomas ; puis, d’une façon indirecte, par l’élimination qui s’opéra, dans la pensée ecclésiastique, d’une autre tradition, de ligne augustinienne, surtout à la suite de la Réforme et du jansénisme, crises où cette tradition joua un certain rôle. Cf. É. Baudin, dans Revue des sciences religieuses, 1923, p. 233 sq., 328 sq., et surtout 508 sq.

Les commentateurs se sont d’abord attachés aux Sentences : ainsi Capréolus. Vers la fin du xve siècle, la Somme théologique commence à supplanter les Sentences, et les grande commentaires deviennent des commentaires de la Somme ; cf. ici, art. Frères-Prêciii i us, t. vi, col. 906 sq. ; A. Michelitsch, Kommentaloren -ur Summa theologia : des hl. Thomas von Aquin, Graz et Vienne, 192 1 (répertoire bibliographique des commentaires et commentateurs) ; H. Wilms, Cajclan uni Kœllin, dans Angelicum, 1934, p. 568-592.

Etant donnée cette prééminence de la tradition thomiste, nous nous en tiendrons à elle pour marquer les étapes de ce développement de la scolastique médiévale qui va Jusqu’au xviiie siècle. Ses étapes sont jalonnées par les grands noms de Capréolus († 1444), Cajétan († 1534), Bafiez († 1604), Jean de Saint-Thomas († 1644), des cannes de Salamanque (entre 1C>37 et le début du xviii 6 siècle), enfin, comme types d’une tradition désormais fixée, de Gonet († 1081) et de Billuart († 1757). Le développement de la tradition scolastique thomiste est caractérisé, en ce qui concerne la notion de théologie, par l’application de plus en plus forte de la notion aristotélicienne de science et par la définition de plu* en plus déterminée de la conclusion théologique. L’ensemble de cette histoire a été esquissée par le P. !.. Charlier, Essai sur le problème théologique, Thuillles, 1938, p. 14-31 ; cf. R.-M. Schultes, Introduclui in historiam dogmalum, Paris, 1923, p. 106 sq.

Le débat des écoles s’était vite fixé sur la question de savoir si la théologie était une science. Les disciple* de saint Thomas, qui tenaient pour l’affirmative, en ! ét< amenés à définir la théologie-science par conclusions, comme science des conclurions ou scient ia conséquent iarum ; cf. supra, col. 398. L’attention se portail dés lors principalement, et parsclusivement, sur les conclusions de la science théolog que. La qualité scientifique « le la théolo) définie ainsi p.ir < apréolus : Son est scienlia articulorum ftdei, sni conclusionum quee seqtiuntur n ilhs. Q. i, a. 1, r> « concl., p, l. Après a oir défendu la qualité scientifique de la théologie, il défend Ifl qualité s|m i ii latlve, puis son unité comme science, enfin l’assigna tion de I lieu i omme son sujet t on Objel formel quod principal et direct. Cependant, s’il insiste sur les conclusions comme objet de la théologie-science, il ne définit pas celle-ci par le revelabile entendu comme médiatement ou virtuellement révélé.

Cette précision n’est pas encore exprimée chez Cajétan. Selon lui, la théologie se distingue de la foi, à l’intérieur du même enseignement révélé, en ce qu’elle a pour objet les conclusions, tandis que la foi a pour objet les articles ou les dogmes, qui sont comme des principes. In I* m partem. q. i, a. 2, n. xii. Les principes ou vérités révélées contiennent les conclusions virtualiter ; ainsi, tandis que les principes font l’objet d’une adhésion de foi immédiate et simple, les conclusions déduites d’eux font l’objet d’une adhésion proprement scientifique : d’une science, certes, divino lumine fulgens, a. 3, n. iv, où la lumière révélée des principes se communique aux conclusions ; mais cette lumière n’est que dérivée, assentimus conclusionibus propter articulos, et dérivée par un raisonnement humain. A. 2, n. xii. Cajétan nous semble, dans un vocabulaire plus évolué, bien rendre la pensée de saint Thomas. Il a bien vu le sens de sacra doctrina, a. 1, et que, quand saint Thomas se demande si la sacra doctrina est une science, il se demande eu réalité si l’enseignement révélé, par le côté où il comporte une déduction de conclusions, vérifie la qualité de science. A. 2, n. i. Comme saint Thomas encore, il n’envisage nulle part expressément que les conclusions de la science théologique soient des vérités nouvelles, c’est-à-dire non-révélées : il suffit que, dans l’enseignement révélé, elles aient une fonction et une valeur de vérité déduite ex principiis ; il semble bien que, pour lui, la théologie n’ait pas formellement pour objet le « virtuellement révélé », mais simplement les vérités qui, dans l’enseignement chrétien, sont fondées en d’autres vérités comme dans leur principe. Enfin Cajétan, pas plus que saint Thomas, ne paile expressément de prémisses de raison concourant, avec une prémisse de foi, pour produire la conclusion théologique ; comme saint Thomas d’ailleurs, il n’en exclut pas la possibilité, cf. a. 8, n. iv, comparé à n. vi-viu. Le cardinal Tolet († 1596), suit en tout ceci Cajétan ; cf. Charlier, op. cit., p. 19, n. 10.

Maflez est le disciple de Melchior C.ano ; s’il défend la méthode scolastique contre les attaques humanistes, il écrit un latin soigné et il a développé son commentaire de la i r * question, a. 8, en un petit De locis theologicis : Scholastica commentaria in / » m partem Summm S. Thomæ Aq., éd. L. Urbano, Iiibl. de Tomistas Espanoles, t. viii, Madrid et Valence, 1934. Cependant il est résolument de ces théologiens scolastiques qui succincte et more dialectico sacram doclrinam pertraclani. De locis, p. 82. Baficz s’applique à définir le lumen sub quo ou ratio lormalis sub qua de la théologie, c’est à-dire la lumière qui fait d’un objet quelconque un objet de la théologie ; c’est, dit-il, divina reoelatio, Il s’en explique, a. 3, a. 7, a. 8 et Corn, in // » m //". q. i. a. 1, dub. 2, éd. Venise, 1002. col. 15-17 : Est trgo ratio formalis sub qua coi/nosrimus Denm et ea i/uir bri sunt , lumen infusum » Deo, per quod formaliter illuminantur ea quir sunt in nostro intelleclu de esse inlclligibili theologico, P. 30. La lumière qui fait d’un objet quelconque un objet de théologie, c’est la lumière infuse qui, dans le sujet, répond à la révélation surnaturelle. Qu’est-ce qui distingue, dès lors, la théologie et la foi ? D’abord, il est essentiel al’illumination » (nous Ira (luisons ainsi le mot rcvilatio tel que Hanc/ l’emploie ici) de la foi d’être obscure, tandis que l’obscurité t I accidentelle à la théologie ef que celle ci demanderait plutôt de posséder ses principes en pleine clarté. In su. te l’illumination Infuse est) dtUU la foi, le motif immédiat de l’adhés ! on qui atteint directement chacune des assertions de la foi, lesquelles seront les