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Page:Alfred de Vigny - Cinq-Mars, Lévy, 1863.djvu/498

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En témoin de quoy nous avons signé la présente certification de nostre main, et icelle fait contresigner par notre secrétaire.

Signé Gaston.

À Villefranche, le 29 aoust 1642.

Et plus bas : Goulas.


Sur la non-révélation.


La vie de tout homme célèbre a un sens unique et précis, visible surtout, et dès le premier regard, pour ceux qui savent juger les grandes choses du passé, et qui, j’espère, est demeuré dans l’esprit des lecteurs attentifs du livre de Cinq-Mars. Le sang de François-Auguste de Thou a coulé au nom d’une idée sacrée, et qui demeurera telle tant que la religion de l’honneur vivra parmi nous ; c’est l’impossibilité de la dénonciation sur les lèvres de l’homme de bien.

Les hommes d’État de tous les temps qui ont voulu acclimater la dénonciation en France y ont échoué jusqu’ici, à l’honneur de notre pays. C’est déjà une assez grande tache sur cette entreprise que le premier qui l’ait formée soit Louis XI, dont la bassesse était le caractère, et la trahison le génie ; mais cet arbre du mal qu’il planta au Plessis-les-Tours ne porta point ses fruits empoisonnés ; et l’on ne vit personne dénoncer un citoyen,


Et, sa tête à la main, demander son salaire.


Le salaire était cependant stipulé dans l’édit de Louis XI ; et, pour que nulle autorité ne manque à l’examen d’une question aussi grave, j’en vais citer le point important.


Édit contre la non-révélation des crimes de lèze-majesté.


Loys, par la grâce de Dieu, Roy de France : sçavoir faisons à tous présens et advenir que, comme par cy-devant maintes conjurations, conspirations damnables et pernicieuses entreprises ayant été faictes,