Aller au contenu

Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
hara-kiri

col splendides, une taille digne de porter la ceinture dorée, un pied imperceptible et adorablement cambré. Le corsage, hardiment ouvert, laissait voir des chefs-d’œuvre de modelé que voilait à peine une dentelle diaphane.

— Fichtre ! ils sont jolis, mais elle les montre, murmura Taïko.

— Qu’est-ce que cela fait puisqu’elle a un loup, répondit le vicomte.

Et assujettissant son monocle, il se mit à l’étudier en amateur.

La dormeuse, à leurs dernières paroles, s’éveilla, d’abord l’air gêné d’avoir été surprise. Puis, marchant au-devant de Valterre, elle se planta toute droite devant lui, les bras croisés, dans une attitude de reine outragée. Le vicomte soutint assez tranquillement son regard, et, lui tendant sa main gantée, dit :

— Bonsoir, Juliette.

La jeune femme ôta son masque.

— C’est gentil à vous de m’avoir reconnue, fit-elle… Depuis le temps !…

— Je n’oublie pas mes amis, repartit le vicomte. Mais que faisiez-vous, seule dans cette loge ?

— Je vous attendais, monseigneur !

Cette phrase fut prononcée dramatiquement, Juliette ayant joué jadis la Tour de Nesle au théâtre des Gobelins.