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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/109

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où l’on cherche à finir une nuit de vadrouille. Quelques-unes d’entre elles en avaient été les clientes coutumières, lorsque plus jeunes, plus modestes, n’appartenant pas encore à la « haute », elle n’entrevoyaient que dans un azur éloigné et brumeux les splendeurs du Café Anglais et les légendes du Grand Seize.

Aux cris de « vive le prince Ko-Ko ! » ils quittèrent la loge, s’envolant dans les couloirs encombrés de monde. Dehors, ils s’entassèrent dans les voitures de Juliette et du vicomte et dans les fiacres d’Otto Wiener et de Manieri. Le compositeur fit monter dans son sapin la grosse Blanche Timonnier qui, généreuse et hospitalière, prit Sosthène Poix sur ses genoux. Le chroniqueur, dont les articles ne se vendaient pas encore au poids de l’or, trouvait qu’il n’y a pas de petites économies.

Dans le salon, chez Baratte, le vicomte de Valterre laissa à chacun toute liberté, voulant qu’on s’amusât à force. Hommes et femmes rédigèrent alors eux-mêmes le menu, les femmes faisant, pour la pose, une carte qui aurait suffi à vingt personnes, les hommes demandant les mets à la mode et des vins de choix. Dans ce tapage, au milieu des cris de Blanche Timonnier et de Cora et des mots de Sosthène Poix, les garçons ahuris notaient au hasard : Huîtres. — Salade russe. — Ananas glacés. — Perdreaux froids. —