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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/115

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hara-kiri

au fond la même uniformité, la même banalité désespérante. Leurs minauderies, amusantes un instant, devenaient absurdes lorsqu’on apercevait le vide qu’elles cherchaient à dissimuler.

Non, ce n’était pas là encore la femme qu’il avait vue de là-bas, en rêve, cette idéale créature joignant les charmes de l’esprit aux séductions de la forme extérieure. Pourtant cette femme-là existait. Il en était sûr et il brûlait de la connaître. Voilà pourquoi il était mélancolique en écoutant les niaises plaisanteries de Cora, toujours les mêmes.

Quand les invités de Valterre eurent chassé la faim et la soif, les rires devinrent plus sonores, les regards plus profonds et plus éloquents, les lèvres plus rouges et la conversation moins voilée. La table étincelante offrait l’aspect d’un champ de bataille sur lequel dormaient déjà bien des vaincus : Wiener buvait comme quatre et mangeait comme huit. La grosse Timonnier avait effondré une chaise à force de rire. Cora redemandait des crêpes, Manieri proposait à Léa de venir poser à son atelier pour les hanches et pour le reste. Sosthène Poix, après avoir réclamé quelques minutes de silence se leva le verre à la main :

— Messieurs, dit-il, je vous propose de boire aux femmes et à celui d’entre nous qui les con-