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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/123

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ment d’un poète de la rive gauche, sorte de bohème plein de talent qu’elle avait aperçu dans une réunion et qui la séduisit par sa verve fougueuse. C’était Houdart. Elle ne prit point grand temps pour réfléchir. Une semaine après, s’étant procuré l’adresse du poète, elle grimpait un matin son escalier, lui déclarait délibérément son amour et se donnait à lui. Houdart trouva l’aventure fort amusante. Cette maîtresse inattendue lui semblait appétissante et surtout très différente de ses petites amies du quartier Latin. Sans lui demander d’autres explications, il voulut la garder avec lui. Il fallait qu’elle fût véritablement empoignée ; car, malgré l’aspect peu engageant de la mansarde, elle accepta tout de suite et, huit jours durant ; ils demeurèrent là, très contents l’un de l’autre, se faisant seulement apporter des vivres du dehors. De temps en temps, Houdart se levait pour écrire des vers. Au bout de cette semaine, le poète emmena sa nouvelle maîtresse et la présenta à ses amis. Dans le quartier, on la trouva très bien, quoique un peu poseuse. On la surnomma la Duchesse.

Pendant l’intervalle, Juliette avait appris que son ancien amant, furieux de sa fugue extravagante, venait d’installer dans l’appartement de la rue Laffitte une de ses amies. Elle ne s’en inquiéta guère. Du reste, un hasard bien extraordinaire mettait Houdart à la tête de quelque argent, arraché à un oncle de province, sous