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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/259

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spectacle de cette jeune passion pleine d’emportements et d’infinies tendresses. Parfois, après les naïves confidences de la jeune fille, la pauvre créature, torturée, le cœur plein de vagues et incommensurables regrets, s’enfermait et, sanglotant convulsivement, elle murmurait :

— On ne m’a jamais dit ces choses, à moi. On ne m’a jamais aimée !

Mlle de Kartynn servait d’intermédiaire pour la transmission des lettres. Rarement les jeunes gens se rencontraient et ces entrevues étaient toujours dangereuses, car l’amour se lisait dans leurs yeux, malgré leurs efforts pour le dissimuler, Fidé n’avait plus reparlé à Valterre de sa passion. Un jour, cependant, le vicomte lui donna très amicalement à entendre que leur secret était deviné. Sans paraître en croire un mot, il répéta des allusions transparentes échappées à la vicomtesse de Lunel.

— Elle a une langue affilée et dangereuse, la vicomtesse, conclut-il.

Et il causa d’autre chose. Le prince se tint pour averti. Il écrivit le soir même à Solange et lui répéta la confidence de Valterre. Pour tout au monde, il ne voulait pas compromettre sa chère mignonne, et le meilleur moyen d’éviter tout danger était de demander la main de Solange. Il était suffisamment riche, noble, il se ferait au besoin naturaliser Français.