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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/380

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hara-kiri

cartouches et fit jouer les ressorts, qui résonnèrent avec un bruit d’acier. Puis il regarda l’heure et d’autres pensées l’assiégèrent. Ce matin-là, Madame de Lunel devait venir. Il ferma le secrétaire machinalement, songeant à des femmes…

Dans son existence, semée d’amours passagères, deux affections avaient survécu à la possession des femmes aimées, et le sacrifice de ces affections était l’unique chose qui pût lui causer un regret, lorsqu’il pensait à la mort. La vicomtesse de Lunel, une véritable grande dame, jusqu’alors insoupçonnée, n’avait répondu qu’après de longs mois de cour discrète aux désirs de Valterre. Unie à un mari jaloux, fort épris d’elle, elle était obligée, afin de se rendre chez le vicomte, d’inventer des combinaisons extravagantes dont l’attrait, pour son esprit aventureux, constituait les trois quarts au moins de son amour. Très intelligente, très fine, elle soupçonnait depuis longtemps, pourtant sans certitude absolue, la liaison de Valterre avec Madame de Barrol. Marguerite, elle, ne cherchait point tant de complications. Le vicomte lui plaisait et, lorsqu’elle se trouva libre, elle devint tout de suite sa maîtresse, prenant juste assez de précautions pour ne pas afficher ses sentiments dans la société sévère qu’elle fréquentait. Au contraire de Madame de Lunel, elle était tendre, simple, bonne, quoique un peu