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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/381

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hara-kiri

étourdie, et malgré son ton persifleur, croyait très volontiers que Valterre l’aimait uniquement.

Or, songeant à ses maîtresses charmantes, le vicomte, décidé à mourir, se sentait envahi par un involontaire regret. Il n’hésitait pas, non ; mais il se demandait, au cas où la veine le favoriserait et lui rendrait une partie de sa fortune, s’il ne serait pas plus sage d’inaugurer une nouvelle existence, moins déséquilibrée, dont Marguerite ou Madame de Lunel deviendrait le centre attrayant. Dégoûté de la Grande Vie, il rêvait à des mois et des mois d’amour reposé, une manière d’idylle… Mais quoi ! il savait fort bien que cet échafaudage de projets était un songe, un amusement de l’esprit, et qu’une heure de déveine pouvait l’effacer comme disparaît un mirage… N’importe, sa pensée s’acharnait à concevoir cet avenir impossible… Pourquoi même fonder tous ces châteaux en Espagne, sur l’espoir d’un gain hasardeux, et jouer sa vie sur une carte ? Il était ruiné, oui ; mais cet accident arrive à tant d’autres qui ne se tuent pas ! Pourquoi se punirait-il lui même d’avoir manqué sa destinée ? Par un faux point d’honneur, pour que les cerveaux fêlés du cercle, les têtes creuses du Bois pensassent après :

— C’était un crâne !

Mais n’y a-t-il donc que ces gens-là sur terre ? Avec les relations qu’il avait conservées, il pouvait encore se créer une existence en travaillant,