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Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/427

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hara-kiri

ne pas glisser. Un accident est si vite arrivé, Sur le terrain. »

Tout en parlant, il tenait de la main gauche un bouton du paletot de Boumol et le secouait vigoureusement.

— Fais donc attention, dit l’autre, effrayé.

— Je crois que j’ai des chances, reprit le grand Vaissel philosophiquement.

Il recommença l’énumération de ses préparatifs et conclut :

— Ce qui m’ennuie, c’est d’ôter mon vêtement. Je suis enrhumé…

Il s’aperçut tout à coup que le temps fuyait ; il avala son bock et se sauva.

— À la bonne heure, dit Boumol, quand il fut parti, voilà un duel comme je les comprends. Eh bien, comment ça va-t-il, mon vieux Ko-ko ? Il y a un siècle que je ne t’ai vu.

Le bohème était très heureux de retrouver son ami. Ils dînèrent ensemble et burent beaucoup. Le prince, pris du désir étrangement humain de laisser après lui la trace de ses souffrances, raconta longuement son histoire, taisant toutefois la conclusion qu’il se proposait de lui donner. À diverses reprises, sous le coup de l’émotion et sous l’influence des vins capiteux, Boumol s’indigna, résumant son opinion par ces mots :

— Les femmes, ça ne vaut pas ça !…

Il faisait claquer son ongle contre les dents.