Aller au contenu

Page:Allais - À l’œil.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils font leur correspondance.

Le père écrit et dicte en même temps, les deux autres transcrivent docilement.

Le fils écrit à mon cher bon papa et la mère à chère madame et amie, le monsieur à je ne sais qui.

C’est le même texte qui sert pour ces trois différents destinataires.

Ne se fiant pas à ses seuls souvenirs, l’homme s’aide entre temps d’un petit guide idiot qui s’appelle : Une Semaine à Venise.

À un moment, il dicte :

Hier, nous avons été voir les vieilles procuraties.

La dame lève la tête vivement :

— Les vieilles… quoi ?

— Les vieilles procuraties.

— Qu’est-ce que c’est que ces horreurs-là ?

L’homme lui lit le passage du guide où il est expliqué que les vieilles procuraties sont les anciennes demeures des procurateurs.

Mais la dame ne veut rien savoir.

— Jamais je n’écrirai ça !

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas, mais vieilles procuraties, ça sonne si mal ce mot-là !

Va donc, eh ! vieille procuratie !