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Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/100

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L’AVIATEUR INCONNU

tion très particulière dans laquelle je me trouvais, il cessa de me morigéner pour entrer dans mes idées. Avec cette différence qu’au lieu de faire de moi un aviateur militaire, au prix de mille formalités désagréables, il me proposa de diriger mon éducation au titre de simple amateur.

Comme un berger alterne avec l’autre, dans les Églogues antiques : Amant alterna Camenæ, Henri de Jarcé reprit la parole :

— Ce qui t’obligea, mon bon ami, à dépenser beaucoup d’argent, et aussi beaucoup d’influences. Heureusement que tu connaissais le ministre.

— Oui, confirma Jean-Louis. Au début, ça n’allait pas tout seul et je crus bien que mon dessein n’aurait jamais de suite. Puis, je songeai à l’obstination de M. Bergemont cadet, je me promis de déployer un entêtement pareil, d’autant plus que M. Bergemont aîné me secondait de tout son pouvoir :

— Pas possible, exclama Flossie. L’oncle Tristan était du complot !

— À telle enseigne que le projet de devenir aviateur fut esquissé par lui-même. Je l’entends encore me dire, le soir où j’essuyai auprès de son frère un échec si formel : « Quel dommage que vous ne puissiez arriver un beau matin en avion demander la main d’Elvire ! »

— Ah ! le sournois ! fit l’Anglaise en riant. Il a pu assister à toutes ces péripéties sans se trahir ! Je ne l’aurais pas cru si cachottier !

— Toujours est-il que cette simple remarque, pour­suivit Jean-Louis Vernal, déclencha dans mon esprit la machination dont vous venez de surprendre le secret. Pour forcer dans ses derniers retranchements le père de celle que j’aime, il me fallait à tout prix devenir aviateur. Et je le suis devenu, grâce à cet ami dévoué, acheva-t-il en ten­dant la main au capitaine.

— Ce qu’il ne dit pas, enchaîna Henri de Jarcé, c’est que je n’ai eu personnellement aucun mérite. Vernal est un grand sportif ; il ignore l’émotion, le vertige et la peur. Ses premiers vols ont laissé prévoir une sûreté rare… Quel dommage qu’il ne fasse de l’aviation qu’en fantaisiste !

Flossie ne put s’empêcher de déclarer, un peu émue :

— Savez-vous, monsieur Vernal, que c’est very nice, très