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Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/96

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L’AVIATEUR INCONNU

Oh ! yes… Mais alors, c’est là qu’il faut me conduire, monsieur de Jarcé !

— Vous ?

— Mais bien sûr… Vous me présenterez ces messieurs, ce sera très amusant !

Le capitaine commençait à trouver Flossie diablement exigeante. Il avait compté l’introduire au camp pour quelques minutes, mais pas du tout, elle s’y installait comme chez elle. La renvoyer, il n’y songeait pas, cependant, très séduit qu’il était par sa grâce et sa verve. On a beau vénérer le devoir… et la discipline, mieux vaut, quand il faut être debout toute la nuit, avoir à ses côtés une femme charmante que se morfondre tout seul.

— Eh ! bien, allons, fit-il avec un mouvement d’épaules qui pouvait se traduire par « on verra bien » !

Quelques pas leur suffirent pour atteindre un baraquement d’apparence plus profane que ceux qui l’environnaient. Une vive clarté s’échappait par ses fenêtres ouvertes, l’on entendait un grand bruit de conversations et le son d’un piano. Au moment d’entrer, le capitaine dit à Flossie :

— Veuillez patienter une seconde. Je vais vous annon­cer, ce sera plus convenable !

— Inutile !

— Si, si, ça vaut mieux, c’est plus correct… Laissez-moi faire ! Une minute et je reviens !

Il entra. Le silence se fit instantanément. Mais Flossie était trop indocile pour se conformer aux recommanda­tions du capitaine ; elle s’approcha d’une fenêtre, risqua un regard, parut observer avec la plus grande attention et soudain une expression de triomphe passa sur ses traits. Sans bruit elle longea le baraquement jusqu’à l’extrémité opposée à celle de l’entrée. Une autre porte était pratiquée dans la paroi perpendiculaire. Mais Flossie n’essaya pas de pénétrer dans la cantine ; elle avait l’air d’être à l’affût. Soudain la porte s’entre-bâilla, une silhouette masculine se dessina sur le seuil, un homme sortit précipitamment… et se trouva nez à nez avec Flossie, qui prononça d’une voix claire :

Monsieur Vernal, ne vous sauvez donc pas, nous avons à causer !

Vernal… Jean-Louis Vernal en personne, revêtu d’un épais chandail, botté, n’ayant plus qu’à passer son