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Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/97

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L’AVIATEUR INCONNU

manteau, à coiffer son casque à lunettes pour être, de pied en cap, le parfait aviateur. Mais, en dépit de cet harnachement prestigieux, il faisait bien piteuse figure, l’aviateur Vernal, devant Flossie, enchantée de son succès.

— Ne m’en veuillez pas, cher ami, reprit-elle, d’avoir percé à jour le secret de l’aviateur inconnu. Il ne faut pas oublier que je suis du pays de Sherlock Holmes… et que les devinettes, quand j’étais toute petite, me passionnaient déjà… Vous concevez bien que ma présence ici à pareille heure n’est pas précisément l’œuvre du hasard ? Elle se tut en voyant arriver le capitaine de Jarcé qui s’étonnait de ne plus la retrouver où il l’avait laissée. On devine quel fut son ébahissement… Quoi ! les deux per­sonnages dont il redoutait, par-dessus tout, la rencontre, étaient en train de converser ! C’était pour rien qu’il avait pris tant de peine et dépensé tant de diplomatie !

— Vous aussi, capitaine, il faut m’excuser, articula Flossie, je vous ai un peu joué, je le confesse… Mais, de grâce, poursuivit la rieuse Anglaise, incapable de tenir son sérieux à la vue des deux hommes consternés, ne prenez pas cet air sépulcral … Si l’Aviateur inconnu vient de recevoir un coup mortel, nous sommes, Dieu merci, vous et moi bien vivants et tout prêts, j’espère, à nous entretenir comme de bons amis !

— Mais enfin, miss Flossie, comment vous êtes-vous doutée… commença le capitaine.

— Ça ne date pas d’aujourd’hui ! À parler franc, Monsieur Vernal, vous avez mal manœuvré ; votre atti­tude était suffisamment au point pour tromper Elvire, trop impressionnable pour garder la faculté de l’obser­vation, mais, à mes yeux, il y avait, dans votre manière d’être, quelque chose d’incompréhensible. Vous n’avez pas assez détesté l’Aviateur inconnu, votre rival, votre adversaire, en somme !

— Ah ! tu vois, je te l’avais bien dit ! s’exclama Henri de Jarcé.

— Vous avez eu l’occasion, insista Flossie, de manifes­ter votre indignation et votre haine envers l’aviateur, et vous l’avez laissé échapper. Votre résignation trop empreinte de philosophie m’a donné l’éveil. Je me suis demandé d’abord, en parente pleine de sollicitude, si vous aimiez réellement ma nièce…