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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/128

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LES AVENTURIERS DE LA MER


Cependant l’incendie gagnait et menaçait d’envahir le bâtiment tout entier. Le capitaine n’avait plus qu’un parti à prendre pour arrêter le fléau, — parti terrible, cruel, impitoyable, mais que la situation commandait impérieusement : fermer les issues de l’entrepont. Il n’hésita pas à recourir à cette extrémité, six cents Circassiens environ furent brûlés ou asphyxiés. À ce prix, leurs compatriotes, l’équipage et le navire se trouvaient sauvés.

Peu après, le capitaine put mettre ses bateaux à la mer pour opérer le débarquement. Mais une révolte des Circassiens, indignés qu’on eût fait périr leurs compagnons, força le capitaine autrichien et l’équipage du Sphinx à prendre la fuite. Les Circassiens pillèrent le bateau à vapeur, dans lequel la circulation rendue à l’air raviva l’incendie.

Le mécontentement des Circassiens débarqués prit de telles proportions qu’une dépêche reçue à Beyrouth obligea les consuls de France et d’Angleterre d’envoyer des forces pour rétablir l’ordre. Un vapeur français, le Linois et un steamer anglais furent expédiés en toute hâte sur le lieu du tumulte. Il fallut donner des vivres aux Circassiens affamés ; après quoi le Linois se mit à longer la côte, dans l’espérance de recueillir l’équipage autrichien et son capitaine. Un coup de canon de signal les attira vers la mer et le Linois put les secourir et les ramener à bord du navire, où l’incendie s’était éteint de lui-même.