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LES AVENTURIERS DE LA MER


ils arrivent à bon port. Les collisions sont fréquentes. Des navires échouent, et s’estiment heureux s’ils sont renfloués sans trop de dégâts.

La foudre tombe parfois à bord d’un bâtiment. Si un paratonnerre avec sa chaîne est établi, la foudre en frappant le mât suit la chaîne et, généralement, fait explosion au-dessous des porte-haubans. Il est arrivé que la chaîne n’atteignant pas jusqu’à l’eau, le tonnerre dans son explosion ouvre dans la coque du navire un trou profond, semblable au trou que pourrait faire un boulet de canon.

Que dire des rencontres de glaces flottantes dans l’océan Atlantique ? Elles ont souvent lieu dès la fin des printemps chauds, lorsque les banquises du pôle nord commencent à se désagréger, et que le courant froid qui descend de la région arctique le long de la côte du Labrador les porte jusque vers le point où la navigation est toujours active entre les États-Unis et l’Europe. Qu’une semblable rencontre se produise pendant la nuit : le navire se heurte à un glaçon, qui est peut-être une véritable montagne de quelques centaines de pieds, ayant des parties à moitié fondues prêtes à crouler au moindre choc, au moindre déplacement d’air — et voilà un navire bien exposé à prendre place sur la longue et funèbre liste des navires perdus corps et biens, et dont on n’entend plus jamais parler…

C’est ainsi que le brick français la Senorine, capitaine Vincent, étant parti de Saint-Malo le 1er mars 1884 pour Terre-Neuve, avec neuf hommes d’équipage et cinquante-trois passagers, une goélette anglaise, Consuello, ne recueillit de lui que des épaves. Tout ce qu’on sut, c’est que, vers le 20 avril, le navire avait été pris dans un courant de glaces flottantes à l’est des Grands-Bancs, et, quelques jours après, assailli par une forte tempête du sud-ouest. Un jour de la première semaine de mai — la date exacte n’est pas connue — la glace enfonça l’avant et les flancs de la Senorine, qui s’engloutit.

De nombreux navires sont abandonnés en mer par leurs équipages, pour des causes diverses, le plus souvent parce que le navire menace de sombrer ; mais il arrive que la nature du chargement les maintient à flots, comme pour le trois-mâts l’Andria, chargé de bois, qu’un bateau de pêche à vapeur du port de Dunkerque ramena du large à la remorque, dans les premiers jours de janvier 1885. L’Andria ayant perdu voiles et gréement, les marins de son bord avaient cru devoir s’en éloigner, se confiant sans doute à la mer dans quelque embarcation. Communément, en pareil cas, le navire coule, et les embarcations sont chavirées ;