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LES AVENTURIERS DE LA MER


Mme de la Barre, lors du naufrage de la Caravane, qui eut lieu dans la nuit du 21 octobre 1817, à dix ou douze lieues au vent de la Martinique.

Ailleurs c’est un prêtre, un pasteur protestant qui, s’oubliant lui-même et s’élevant au-dessus de l’humanité, au-dessus des effrois de la chair, console ses compagnons d’infortune, les fortifie contre la mort, les bénit : on vit ainsi un ministre anglican lors du naufrage du Royal-Charter qui périt corps et biens au mouillage des îles d’Anglesea, dans l’ouragan du 26 octobre 1859 : ce sont des occurrences où la véritable foi est soumise à une rude épreuve ! Un autre ministre anglican, le Rev. Draper, se montra sublime dans ses exhortations à bord du steamer le London, capitaine Martin, qui sombra à la hauteur de l’île d’Yeu, le 11 janvier 1866. Ces exemples pourraient être multipliés.

En 1744, lors du naufrage du Saint-Géran, — ce vaisseau sur lequel Bernardin de Saint-Pierre a fait jouer un rôle si touchant à son héroïne — lorsque tout espoir fut perdu, l’équipage criait miséricorde et demandait des prières pour implorer l’assistance divine. L’aumônier se mit à chanter le Salve Regina et l’Ave maris stella. À bord du vapeur le Borysthène, qui échoua sur la côte d’Afrique, non loin d’Oran, au moment où le navire allait verser tout entier sur le côté droit, et comme déjà l’eau entrait à gros bouillons dans la salle à manger, dans les cabines, l’abbé Moisset, vicaire, « donna à tous la bénédiction, dit un témoin qui survécut au naufrage. La voix pleine de larmes de ce pauvre prêtre, recommandant à Dieu deux cent cinquante malheureux que la mer allait engloutir, remuait toutes les entrailles. » L’abbé Moisset fut de ceux qui périrent.

Il n’y a peut-être rien qui dépasse en héroïsme l’attitude des marins et des soldats à bord du Birkenhead, au moment où ce navire sombra, en vue du cap de Bonne-Espérance.

Le Birkenhead, transport de guerre à vapeur et à aubes, avait quitté l’Irlande le 7 janvier 1852, ayant à son bord des détachements du 12e régiment de lanciers et de divers régiments de ligne, à destination des baies de Saint-Simon et d’Algoa ; plusieurs de ces militaires emmenant avec eux femme et enfants ; en tout avec l’équipage du navire six cent trente-huit personnes. La traversée avait été heureuse ; on touchait au terme du voyage, et le bateau à vapeur faisait huit nœuds et demi à l’heure par un temps très calme ; lorsque le 25 février, dans l’après-midi, une violente secousse ébranla le navire, de l’avant à l’arrière, remplissant de terreur ces passagers tantôt tout à l’espoir d’arriver à bon port. Le