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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/153

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LES AVENTURIERS DE LA MER


mes hommes est obligé de se jeter à la mer pour gagner le canot. Nous parvenons tous à y embarquer, et nous fuyons aussitôt vent arrière.

« Pendant ce temps, la Léonie s’était vue sur le point d’essuyer un second abordage. Après l’avoir évité, elle avait laissé porter pour rejoindre le canot de sauvetage, et avait pris la cape. Nous accostons sous le vent ; on nous lance des cordes auxquelles nous nous accrochons ; au moment où nous mettons le pied sur le pont du navire, l’embarcation se brise le long du bord, sans qu’on puisse la sauver. Il était une heure de l’après-midi : depuis sept heures nous luttions contre la mort. »

Malgré ses avaries, la Léonie résista encore heureusement à la tempête pendant vingt-quatre heures ; puis le temps s’améliora, et le 25 mars le capitaine Broutelle débarqua au Havre les quinze naufragés du Jean-Baptiste. Ajoutons que le comité de la Société centrale de sauvetage a décerné une médaille d’honneur au capitaine Broutelle et aux braves marins qui étaient allés recueillir les derniers naufragés.

Le clipper l’Alert, navire de 1,100 tonneaux, était parti de New-York pour Shang-Haï avec une cargaison de 40,000 caisses d’huile, sous le commandement du capitaine Jerry Park ; il y avait vingt et une personnes à bord, y compris la femme et le fils du capitaine. Le 14 novembre 1884, un violent orage de pluie éclata et une dizaine de minutes après dix heures, le grand mât fut frappé de la foudre. Les dégâts semblaient peu importants, et le capitaine se félicitait d’en être quitte à si bon compte, quand, vers dix heures 30 minutes, on vit sortir de la fumée par les interstices des capotes des écoutilles. Les écoutilles furent ouvertes et la cale inondée autant que cela était possible ; mais bientôt une explosion formidable se fit entendre et les flammes s’élancèrent jusqu’à la cime des mâts. La chaleur devint insupportable.

Le capitaine fit embarquer en toute hâte de l’eau et des provisions dans les canots qui furent attachés ensemble ; tout le monde y prit place, et une heure après le commencement de l’incendie, on s’éloigna du clipper qui était alors totalement embrasé et qui ne tarda pas à sombrer.

Le lendemain, à cinq heures du matin, les naufragés eurent la bonne fortune d’être recueillis par le steamer français Comte-d’Eu, capitaine Niel, en route du Havre pour Pernambuco. Ce navire français débarqua les naufragés à Pernambuco.

Le capitaine Jerry Park a fait le plus grand éloge du capitaine Niel et