Aller au contenu

Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
154
LES AVENTURIERS DE LA MER


nom, est un port franc qui appartient aux Hollandais. C’est un point de Timor où la terre prodigue sans culture les fruits les plus exquis, un verger d’une incomparable richesse.

Le résident, M. Frœnkel, mit aussitôt à la disposition des marins français toutes les ressources de la colonie. Pendant trois jours, les hommes purent se reposer avec une nourriture abondante et retrouver quelques forces.

Sur l’avis du résident, l’enseigne Magdelaine prit passage sur le packet allant à Batavia. Il laissa les indications nécessaires pour que les navires devant aller à Sydney pussent s’assurer, en passant près du récif Mellish, du sort du commandant de la Vaissière et de ses compagnons.

Chose étonnante ! le commandant du Duroc, après avoir passé cinquante jours sur les sables de Mellish, réussit à ramener son équipage, sa femme, sa fille. Il aborda à Coupang même, ayant renouvelé ce prodige d’un voyage de huit cents lieues dans des mers pleines d’écueils, de bancs de corail qui, après un long travail sous-marin, surgissent inopinément à fleur d’eau, et où il y a si peu de secours à attendre des populations sauvages qui habitent les îles de la mer de Corail et le littoral australien. Sous sa direction, l’embarcation projetée avait été construite avec toute la hâte possible. C’était un petit bâtiment ponté, long de 14 mètres, avec deux voiles et un foc, qui reçut le nom de la Délivrance. Quand on le mit à l’eau, la saison approchait où l’îlot allait disparaître submergé par l’Océan.

Mais la Délivrance eut plus à souffrir encore que les deux canots et la baleinière de la première expédition. Elle eut à supporter des calmes plus longs, des ouragans mêlés de tonnerres. Une voie d’eau se déclara, et l’équipage, à bout de forces, eut grand’peine à lutter contre l’invasion de la mer. Lorsqu’on aborda à Coupang, après vingt-huit jours de navigation, il ne restait plus de vivres à bord. Le capitaine de la Vaissière avait perdu quatre hommes. Un cinquième, le timonier Pitchard, mourut de saisissement en voyant la terre.

Pour clore ce chapitre, et avant de parler de l’organisation des secours sur les côtes, qu’il nous soit permis de raconter un sauvetage mémorable accompli spontanément par les témoins d’un sinistre maritime, avec de faibles moyens, mais une rare énergie. Le steamer le Killarney était sorti de Cork le 19 janvier 1838, se rendant à Bristol. Il avait à son bord cinquante personnes, équipage