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LES AVENTURIERS DE LA MER


têtes de roche étaient à découvert et d’une étendue de plusieurs milles, avec un lagon intérieur, aux eaux bleuâtres.

Le lendemain, l’inventaire des vivres fait, avant de remonter la côte d’Australie, accusa 72 kilogrammes de biscuit, 20 litres d’eau-de-vie et 60 litres de vin. Il fut possible de se procurer de l’eau sur la côte, malgré la présence de quelques naturels et les difficultés du débarquement.

Le 9 septembre, la petite expédition arriva à Port-Albany. Chaque nuit avait été passée à l’abri d’un îlot ou d’une pointe de terre, en vivant de poissons, de racines et de coquillages : il s’agissait d’économiser le peu de biscuit que l’on possédait encore. Le chef de l’expédition décida de se diriger, à travers la mer des Alfouros, sur l’île Timor. Si l’on pouvait atteindre les mers de la Malaisie, on était sauvé ! Les canots dirigés par l’enseigne Magdelaine naviguèrent entre l’Australie au sud et la Nouvelle-Guinée au nord. Il ne restait plus que cent grammes de biscuit par jour et par homme, en comptant sur une traversée de dix à douze jours.

Le moral un peu affaibli d’hommes fatigués par quinze jours de privations de toute espèce, avait besoin d’être relevé, M. Magdelaine s’appliqua à cette tâche et poursuivit sa navigation avec assez de bonheur jusqu’au 17 septembre. Malgré une faible nourriture, tous se soutenaient en bonne santé, lorsque le calme vint les surprendre d’une manière aussi inattendue que décevante.

Le 18, la chaleur et le manque d’eau ne permirent pas aux naufragés d’avancer à l’aviron. La crainte s’empara des esprits. Il restait cependant encore une trentaine de lieues à faire pour aborder à Timor.

L’enseigne Magdelaine voulut donner l’exemple : ses compagnons stimulés, profitant de la fraîcheur de la nuit, ne quittèrent point les avirons de cinq heures du soir jusqu’au jour, n’ayant que douze centilitres d’eau pour se désaltérer durant ce rude labeur.

Au lever du soleil, la terre apparut dans une étendue de plus de vingt lieues. Cette vue ranima le courage de chacun et sembla donner à tous de nouvelles forces. On aborda enfin ; mais le lendemain il fallut quitter le rivage inhospitalier sans avoir pu obtenir ni vivres ni eau. Le 22 septembre au soir, n’ayant plus de vivres depuis le matin, l’expédition atteignit Coupang. Les trois canots avaient accompli une traversée de huit cents lieues !

Coupang, situé dans la partie méridionale de la superbe baie de ce