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LES AVENTURIERS DE LA MER


Malgré leur extrême pauvreté, les habitants de l’île de Sein sont bons et hospitaliers ; ils accueillent et traitent avec la plus grande abnégation les malheureux jetés sur leurs rivages ; ils savent même se priver du nécessaire pour subvenir aux besoins de ceux dont ils ont pris la charge. Lorsqu’en 1794 le vaisseau de ligne le Séduisant se perdit sur le Tevennec, — principal écueil du Raz de Sein, — les habitants parvinrent à sauver huit cents hommes de ce vaisseau, qui était chargé de troupes, et sans la violence de la tempête, qui augmenta au point de rendre la mer impraticable, ils eussent sauvé l’équipage tout entier.

Ils partagèrent leurs provisions avec les huit cents naufragés qu’ils amenèrent dans leur île. Durant onze longues journées, l’ouragan déchaîné empêcha toute communication avec la terre ferme ; et, on le pense bien, un pareil accroissement de bouches épuisa bientôt tous les vivres des magasins. C’est au point que si cet état de choses se fût prolongé de quelques jours, les naufragés et leurs libérateurs fussent devenus la proie de la famine. L’exemple est concluant.

On a fait le relevé des bâtiments sauvés et des naufragés secourus par les habitants de l’île de Sein, depuis 1763.

Cette-année là fut sauvée la corvette de guerre l’Hirondelle, au moment où, entraînée par les courants, elle allait se perdre sur le Tevennec.

En 1767, sauvé un bâtiment de transport engagé sur les écueils du Raz, ce bâtiment ramenant des colonies françaises cinq cents hommes de troupe.

Cette même année, sauvé le vaisseau de guerre le Magnifique, commandé par le comte du Reste. Ce vaisseau, privé de tous ses mâts, avait été forcé de mouiller dans la partie sud de l’île de Sein, et s’y trouvait dans la position la plus périlleuse. Il en fut retiré par les habitants, et ramené à Brest dans la nuit du 2 au 3 septembre.

En 1777, sauvé deux hommes sur les débris d’un navire prussien.

En 1783, sauvé l’équipage de la corvette l’Étourdie, au nombre de cent cinquante hommes. Cette corvette était commandée par le comte de Canillac.

Même année, sauvé dans un canot presque submergé, à une lieue de l’île, neuf hommes ayant abandonné un navire danois, naufragé sur la chaussée de Sein.

En 1793, la frégate française la Concorde, engagée dans les écueils du Tevennec, allait périr lorsque, malgré le mauvais temps, les insulaires