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LES AVENTURIERS DE LA MER


part une gratification de mille francs et une pension annuelle de trois cents livres. J’écris en conséquence à M. l’intendant. Continuez à secourir les autres, quand vous le pourrez, et faites des vœux pour votre bon roi, qui aime les braves gens et les récompense. »

Le contenu de cette lettre fut bientôt connu à Dieppe. Les concitoyens de Bouzard vinrent le féliciter et le pressèrent d’aller à Paris pour remercier le roi. Bouzard se rendit à leurs vœux, et le maire de Dieppe le conduisit à Versailles, après l’avoir présenté à Necker. Il fut placé sur le passage de la famille royale. Le duc d’Ayen le fit apercevoir au roi, qui dit en le regardant avec sensibilité : « Voilà un brave homme, et véritablement un brave homme ! » Bouzard reçut ensuite des ministres et des principales personnes de la cour l’accueil le plus flatteur. Un peu surpris, Bouzard se défendait d’être trop complimenté. « Mes camarades sont aussi braves que moi, » disait-il.

Jean Bouzard se distingua encore d’autres fois, et dès l’année suivante où, aidé de son fils, il sauva trois marins des flots.

Louis XVI avait conçu la pensée de donner en récompense à Bouzard une maison bâtie sur la jetée de Dieppe. Lorsque Napoléon se trouva dans cette ville, il voulut réaliser cette intention, et affecta une somme de huit mille francs pour la construction de ce petit édifice. Le vieux Bouzard n’existait plus ; mais l’empereur se fit présenter son fils, à qui, malgré sa jeunesse, les marins devaient déjà beaucoup. Il lui attacha de sa main la croix d’honneur sur la poitrine, en le félicitant d’avoir été le digne héritier du courage et du dévouement de son père.

Le troisième Bouzard, préposé à son tour à la garde du phare et du pavillon sur la jetée de Dieppe, avait été décoré d’une médaille d’argent et d’une médaille d’or pour ses services et son dévouement, lorsqu’on 1834 il reçut, comme son père, la croix de la Légion d’honneur.

La maison Bouzard, que les travaux d’amélioration de l’entrée du port obligèrent plus tard de détruire, portait cette inscription :

Récompense nationale
À J.-A. Bouzard
Pour ses services maritimes.

En 1866, lors de la première mise à flot du canot de sauvetage établi à Dieppe par la Société centrale, canot qui portait le nom de Bouzard, son petit-fils, au milieu du cortège de la fête, tenait le guidon du canot,