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LES AVENTURIERS DE LA MER


dans des couvertures. Le jour commence à poindre ; l’hôpital s’ouvre cette fois à l’appel des courageux sauveteurs ; un médecin arrive, et, grâce à une médication énergique, Stephenson se trouve bientôt hors de danger.

Lorsque le soleil se leva, un spectacle navrant s’offrit aux regards. Sur une étendue de plusieurs kilomètres, la plage était couverte d’épaves de toute sorte.

L’équipage du Parangon se composait de onze hommes : Duncan et Stephenson échappèrent seuls au naufrage.

Un autre sauvetage encore ; cette fois c’est l’énergie réunie de plusieurs braves gens qui sauve de la mort la plus grande partie d’un équipage.

Dans la matinée du 10 mars 1879, la batterie flottante l’Arrogante, l’une des deux annexes du vaisseau canonnier le Souverain, fut surprise par une bourrasque de vent d’est, au dangereux mouillage de la Badine, sur la rade des îles d’Hyères. Bientôt, les lames déferlèrent sur l’avant avec violence, et la mer grossissant toujours et envahissant le navire, le capitaine fit mettre le pavillon en berne. À ce signal de détresse, ordre fut donné par le Souverain de s’échouer à la côte. Mais en manœuvrant pour gagner la plage, l’Arrogante, prise en travers par la mer, se trouva dans une situation désespérée. À deux heures de l’après-midi, son avant, qui s’enfonçait de minute en minute, touchait le fond à six cents mètres du rivage.

L’équipage s’était réfugié sur l’arrière, qui émergeait encore, encouragé dans le péril par la ferme attitude des officiers réunis sur la passerelle pour diriger la manœuvre. La mer était démontée ; une énorme lame vint s’abattre sur l’Arrogante et l’engloutit, ne laissant plus apparaître au-dessus des eaux que la cheminée et la mâture. De fortes averses accompagnaient l’ouragan, et empêchaient de voir le navire. Ce n’est que vers cinq heures, que les habitants de la côte, la brigade des douaniers et une escouade de marins du Souverain, qui se trouvait à terre en corvée, avertis enfin du sinistre, purent porter secours aux naufragés. Ceux-ci cherchaient à gagner la plage au milieu des brisants, roulés et frappés par les vagues. Les sauveteurs formèrent une chaîne, et se tenant solidement par la main, ils allèrent au-devant des naufragés exténués, autant que le leur permettait une mer furieuse.

Sur l’épave de l’Arrogante, les haubans étaient couverts de malheureux qui, ne sachant pas nager, restaient cramponnés en attendant des