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LES AVENTURIERS DE LA MER


sième acheva la ruine de la malheureuse ville, et fit périr vingt mille de ses habitants.

Un autre ouragan ravagea la mer des Antilles et atteignit la Barbade, le 10 août 1831. La foudre éclata dans toutes les directions. D’après un témoin oculaire, pendant l’obscurité, où une interruption momentanée des éclairs plongea Bridgetown, on vit « plusieurs météores tomber du ciel ; un surtout, d’une forme sphérique et d’un rouge foncé, sembla descendre verticalement d’une grande hauteur… En approchant de terre avec un mouvement accéléré, il devint d’une blancheur éblouissante, prit une forme allongée, et aux approches du sol il éclata en mille morceaux comme du métal en fusion et s’éteignit immédiatement.

Quelques minutes après l’apparition de ce phénomène, le bruit assourdissant du vent se changea en un murmure solennel, ou plus exactement en un mugissement lointain, et les éclairs prenant un effrayant développement, une vivacité et un éclat extraordinaires, couvrirent tout l’espace entre les nuages et la terre pendant près d’une demi-minute. Cette masse, immense de vapeurs semblait toucher les maisons, et elle lançait vers la terre des flammes que celle-ci lui renvoyait aussitôt.

« Immédiatement après cette prodigieuse succession d’éclairs, l’ouragan éclata de nouveau de l’ouest avec une violence terrible et indescriptible, chassant devant lui des milliers de débris de toute nature. Les maisons les plus solides furent ébranlées dans leurs fondements, et toute la surface de la terre trembla sous la force de cet effrayant fléau destructeur. Pendant toute la durée de l’ouragan, on n’entendit pas distinctement le tonnerre. Le hurlement horrible du vent, le grondement de l’océan dont les lames monstrueuses menaçaient d’engloutir tout ce que l’ouragan laissait debout, le bruit mat des tuiles, la chute des toits et des murs ; mille autres bruits formaient un fracas épouvantable. Ceux qui ont assisté à une pareille scène d’horreur peuvent seuls se faire une idée de l’effroi et de l’immense découragement que l’homme éprouve en présence de cette rage de destruction de la nature. »

On se rappelle aussi la tempête tourbillonnante des États-Unis en 1815.

L’année 1822 fut marquée par un épouvantable cataclysme. Un cyclone assaillit le Bengale. Pendant vingt-quatre heures on vit les trombes d’eau monter dans l’air ; cinquante mille hommes périrent, engloutis dans la tourmente : ce fut pour eux comme un nouveau déluge.