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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/192

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LES AVENTURIERS DE LA MER


de vin, ne put tout à fait résister à la tentation. Il se saisit d’un tonneau, le flaire, le sonde, et cédant au mauvais exemple, y goûte, en se proposant bien de ne boire qu’un petit coup. Il a poussé la précaution jusqu’à préparer un bouchon pour fermer le trou qu’il va faire. Par malheur, le vin est exquis, la soif vient en buvant : au premier coup succède le second qui sera suivi de tant d’autres que les fumées capiteuses du nectar le mirent hors d’état d’accomplir sa louable intention. La pièce coulait sur lui ; étendu sur le dos, il tenait encore à la main son bouchon trop inutile. »

En Angleterre, avant le règne de Henri Ier, tout ce qui provenait d’un naufrage appartenait de droit au roi. Henri en décida autrement ; la propriété des épaves fut laissée aux naufragés. Richard Cœur de Lion ajouta encore aux lois de protection. Georges II, reconnaissant que, nonobstant les bonnes et salutaires lois en vigueur contre le pillage et la destruction des vaisseaux en détresse, des actes coupables avaient été commis à la honte de la nation, à l’égard de navires naufragés et de leurs épaves, déclara que la mort serait la punition de ceux qui allumeraient des feux trompeurs pour amener la perte des vaisseaux, et la punition également de ceux qui useraient de violence envers les naufragés.

Malgré la rigueur de ces lois, on eut à juger, même au siècle passé, trois riches habitants de l’île d’Anglesea qui, le 11 septembre 1773, avaient à l’aide de feux causé la perte de la Charming Jenny, dont la cargaison pouvait être évaluée à 19,000 livres sterling. Le navire se brisa, et tout l’équipage périt, sauf le capitaine. La femme du capitaine fut également sauvée. Ils furent portés l’un et l’autre sur la rive par un débris du vaisseau. Le capitaine Chilcot eut toutes les peines du monde à se tirer vivant, ainsi que sa femme, des mains des naufrageurs qui les dépouillèrent de leurs vêtements. Le jugement condamna à mort les nommés Roberts et Parry. L’un fut exécuté, l’autre vit commuer sa peine.

Le 7 septembre 1782, un certain John Webb fut exécuté à Hereford pour avoir pillé un navire vénitien, jeté à la côte de Clamorganshire par une tempête. Il ne semble pas qu’il y ait eu crime envers l’équipage ; mais cette condamnation montre assez la nécessité à cette époque de sévir vigoureusement contre ceux qui pillaient les navires.

Il existe malheureusement, même en notre siècle, d’autres exemples à joindre à ceux qui précèdent. Le 8 janvier 1811 une tentative criminelle fut faite par les habitants de la baie de Clonderalaw pour prendre pos-