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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/197

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LES AVENTURIERS DE LA MER


s’avançait vers la côte. Il fallait aviser. La loi est formelle au Canada : tout naufrageur est pendu haut et court. Il s’agissait de passer aux yeux des soldats pour de braves pêcheurs revenant de la mer et rapportant le produit de leur pêche. Les naufrageurs se hâtèrent de ramasser du goémon, ils en couvrirent les paniers de façon à cacher ce qu’ils contenaient. Et forçant le marin de l’Oli-Sell de se revêtir d’un caban et de mettre sur sa tête un de leurs chapeaux goudronnés, ils l’entraînèrent avec eux.

En atteignant le sommet de la falaise, les pilleurs d’épaves virent s’avancer à leur rencontre un détachement de dragons. Sommés de répondre à diverses questions, ils auraient réussi sans doute à se tirer d’affaire ; mais le matelot n’ayant plus rien à craindre d’eux, les dénonça sans hésitation.

Il y eut alors un « sauve qui peut » général. Les dragons de la reine coururent sus aux fuyards et s’emparèrent du plus grand nombre. Les femmes demandèrent merci. Elles furent réunies en groupe et conduites avec les autres prisonniers au fort le plus voisin, où leur procès ne traîna pas. Les chefs furent condamnés à être pendus ; les autres, y compris les femmes, envoyés dans les pénitenciers du pays, s’en tirèrent par les travaux forcés.

Quant au pauvre marin de l’Oli-Sell, après s’être remis de ses fatigues, il demanda à être rapatrié, et seul de tous les hommes de son navire, il revit son pays natal.