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LES AVENTURIERS DE LA MER


on voit encore les ruines d’un phare attribué à Jules César. Il y eut aussi un très beau phare à Capio, en Espagne, à l’embouchure du Guadalquivir.

Plus tard, les phares se généralisèrent ; mais ils ne remplissaient pas complètement leur objet. De regrettables confusions avec d’autres parties du rivage accidentellement illuminées causaient des désastres. Semblable erreur n’est plus possible aujourd’hui, grâce au moderne système de phares, qui consiste dans une combinaison bien entendue des anciens feux fixes avec les feux tournants et à éclipses, dont on attribue la première idée à Borda.

Le Dieppois Lemoyne proposa aussi de substituer au feu de charbon de terre une lampe d’Argant à double courant d’air ; Augustin Fresnel et quelques autres ont introduit de grandes améliorations dans la construction et le mode d’éclairage des phares ; aux feux réfléchis par des miroirs paraboliques, on a substitué des feux réfractés par d’énormes lentilles construites d’une façon très ingénieuse : devant l’impossibilité de fabriquer d’assez fortes lentilles d’une seule pièce, Fresnel imagina de faire tailler, dans du cristal, des lames ou portions de lentille formant des prismes à courbure calculée ; ces lames réunies et disposées en escalier autour d’un centre immobile constituent une seule et grande lentille qui porte la lumière jusqu’à cinquante et soixante kilomètres de distance. Pour obtenir un foyer lumineux en rapport avec la puissance des lentilles, il fit de la lampe Carcel un appareil à trois ou quatre mèches concentriques qui, dans les phares les plus importants, donnent un éclat équivalent à celui de 600, et jusqu’à 4 050 becs de lampes Carcel.

Les feux des phares qui s’allument exactement toutes les nuits sont nombreux sur nos côtes. Au commencement du siècle nous en possédions en tout seize. Nous en avons aujourd’hui plus de deux cent cinquante sur nos côtes de France, de Corse et d’Algérie.

Les phares du premier ordre sont situés à environ trente kilomètres les uns des autres. Ils sont distribués de manière que le marin puisse toujours en apercevoir un en approchant des côtes ; dès qu’il perd celui-là de vue, il entre dans le cercle de lumière du phare le plus proche. Ainsi les phares sont dressés sur les côtes de manière qu’on ne puisse les confondre. Si, par exemple, on peut apercevoir trois phares à la fois, l’un sera un feu fixe, le second aura des éclipses et le troisième des éclats à des intervalles de temps déterminés.