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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/208

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LES AVENTURIERS DE LA MER


brille là-haut ramène l’absent, le mette au port. Les anciens, fort justement, dans ces pierres sacrées, honoraient l’autel des dieux sauveurs de l’homme. Pour le cœur en pleine tempête, qui tremble et espère, la chose n’a pas changé, et dans l’obscurité des nuits, celle qui pleure et qui prie y voit l’autel et le Dieu même. »

« Qui peut dire, — ajoute Michelet avec cette chaleur d’accent qui lui est propre, — combien d’hommes et de vaisseaux sauvent les phares ? La lumière vue dans ces nuits horribles de confusion, où les plus vaillants se troublent, non seulement montre la route, mais elle soutient le courage, empêche l’esprit de s’égarer. C’est un grand appui moral de se dire dans le danger suprême : « Persiste ! encore un effort !… Si le vent, la mer, sont contre, tu n’es pas seul : l’Humanité est là qui veille sur toi.

« C’est la France, après ses grandes guerres, qui prit l’initiative des nouveaux arts de la lumière et de leur application au salut de la vie humaine…

« Pour le marin qui se dirige d’après les constellations, ce fut comme un ciel de plus qu’elle fit descendre. Elle créa à la fois les planètes, étoiles fixes et satellites, mit dans ses astres inventés les nuances et les caractères différents de ceux de là-haut. Elle varia la couleur, la durée, l’intensité de leur scintillation. Aux uns elle donna la lumière tranquille, qui suffit aux nuits sereines ; aux autres une lumière mobile et tournante, un regard de feu qui perce aux quatre coins de l’horizon. Ceux-ci, comme les mystérieux animaux qui illuminent la mer, ont la palpitation vivante d’une flamme qui flamboie et pâlit, qui jaillit et qui se meurt. Dans les sombres nuits de tempêtes, ils s’émeuvent, semblent prendre part aux convulsions de l’Océan, et, sans s’étonner, ils rendent feu pour feu aux éclairs du ciel. »

Les balises et les amers concourent, avec les phares, à la sûreté de la navigation en vue des côtes.

Sous le nom de balises, on place à l’entrée des ports et havres certaines marques indiquant aux bâtiments les passages les plus sûrs. La balise est quelquefois un mât mi-planté dans l’eau à l’entrée des canaux — ou étangs — bordant la mer. Son extrémité est terminée par un ballon. Le plus souvent, la balise se compose de tonneaux attachés ensemble à une chaîne de fer dont les extrémités sont retenues au fond de l’eau par de grosses pierres. Le balisage est aussi constitué par des tourelles maçonnées.