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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/212

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LES AVENTURIERS DE LA MER


sée en grande partie d’hommes réunis par la « presse » dans tous les ports ; ce qui constituait, à certains égards, de médiocres équipages.

Les matelots agirent d’abord avec modération ; ils commencèrent par employer tous les moyens légaux en leur pouvoir. À la fin de février 1797, les marins de quatre vaisseaux de guerre réunis dans la baie de Spithead, adressèrent des pétitions à lord Howe, commandant en chef de la flotte de la Manche. Lord Howe était très aimé des matelots qui l’avaient surnommé Dick le Noir, en raison de son teint fortement basané. Ils lui demandaient d’intercéder auprès de l’Amirauté afin d’obtenir un adoucissementà leur sort. Lord Howe, alors souffrant, communiqua les suppliques à lord Bridport et à sir Peter Parker, l’amiral du port, qui répondirent que les pétitionnaires étaient des gens mal intentionnés. Les matelots, voyant leurs réclamations repoussées, se décidèrent à exiger par la force ce qu’ils avaient d’abord demandé avec respect.

En six semaines, ils organisèrent leur plan dans un tel secret que lord Bridport n’eut vent de la conspiration que lorsque toutes les dispositions étaient prises. Il communiqua ses soupçons aux lords de l’Amirauté qui, pensant qu’un peu de service actif serait le meilleur dérivatif, ordonnèrent à la flotte de prendre la haute mer.

Les ordres arrivèrent à Portsmouth le 15 avril. Immédiatement lord Bridport commanda les préparatifs : ce fut le signal de la révolte. D’un mouvement simultané, sur chaque vaisseau, les matelots montèrent aux agrès et lancèrent trois vivats. Puis ils s’emparèrent du commandement et nommèrent des délégués pour conduire les négociations avec les représentants de l’Amirauté. Mais aucune violence ne fut exercée. Le premier lieutenant du London, sur l’ordre de l’amiral Colpoys, — un des officiers les plus détestés, — tua l’un des mutins, et cette mort ne fut pas vengée. Les matelots envoyèrent de nouvelles pétitions à l’Amirauté, et leur modération plaida fortement en leur faveur. Les autorités, voyant qu’avec le plus grand pouvoir entre leurs mains ils agissaient pacifiquement, firent toutes les concessions demandées et accordèrent au nom du roi un pardon général. Tout semblait fini.

Cependant les débats du Parlement traînant en longueur, lord Howe fut envoyé par le Cabinet avec plein pouvoir de ratifier tous les engagements qui avaient été pris, et mission de bien convaincre les mécontents du désir de les satisfaire qu’avait le gouvernement. Mais au moment où les marins de Portsmouth rentraient dans le devoir, la flotte