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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/213

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LES AVENTURIERS DE LA MER


du nord se souleva : cette fois ce fut avec une violence excessive. Sous l’influence des conseils séditieux, les canons armés pour la défense de la patrie menacèrent les foyers de ces égarés…

Richard Parker, le chef meneur, était un homme peu estimable, mais qui ne manquait ni de talent ni d’énergie. Fils d’un marchand aisé d’Exeter, il avait reçu une bonne éducation ; mais il avait plusieurs fois perdu ses grades de bas officier. Brave et résolu, il possédait un incontestable ascendant sur les matelots de son entourage. On a dit qu’il faisait partie de sociétés secrètes et que c’était un agent des révolutionnaires français. Après qu’on se fût rendu maître des officiers, Parker se donna le titre de lord grand amiral et commit nombre d’excès. Il fit canonner les vaisseaux qui ne voulaient pas suivre le mouvement, et mit à la torture des officiers prisonniers.

Le 6 juin, quatre vaisseaux de l’escadre de l’amiral Duncan vinrent se joindre aux révoltés. Quelques jours après, plusieurs autres navires arrivèrent à l’embouchure de la Tamise et augmentèrent le nombre des mutins. Lord Duncan voyant la plus grande partie de sa flotte l’abandonner, réunit l’équipage de son navire, et lui parla avec tant de chaleur, tant de patriotisme que les marins émus, jurèrent de rester fidèles à leur amiral jusqu’à la mort. Ils rallièrent à eux les équipages des vaisseaux de l’escadre demeurés dans le devoir.

Parker, envoyant le nombre des navires que comptait la rébellion, perdit la tête et commit les plus grandes extravagances. Il parla de prendre la mer et de continuer la guerre ; il essaya d’empêcher la navigation sur la Tamise, déclarant qu’il voulait forcer la route jusqu’à Londres et bombarder la Cité, si le gouvernement n’accordait pas ce qu’il demandait. L’alarme fut vive dans la capitale. On arma les forts, on fortifia les rives de la Tamise. Enfin lord Spencer, lord Arden et l’amiral Young allèrent à Sheerness trouver Parker et les délégués ; mais les mutins furent si audacieux que les lords de l’Amirauté rentrèrent à Londres sans avoir rien conclu. Le gouvernement décréta les plus grandes peines contre ceux qui aideraient les rebelles.

À la fin de la première semaine de juin, l’effervescence entretenue par Parker commença à faiblir. La flotte de Portsmouth désavoua les révoltés de Plymouth, et un ou deux vaisseaux résistèrent à l’autorité de Parker. Celui-ci commença à reconnaître qu’on l’abandonnait. Il essaya alors de reprendre de nouvelles négociations avec l’Amirauté ; mais ses demandes étaient trop ambitieuses ; elles furent repoussées.