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LES AVENTURIERS DE LA MER


avec le désir d’user de son autorité à l’égard de ceux qui lui tomberaient sous la main.

Sa première victime fut un noir, commis à la garde d’une chaloupe appartenant à un navire américain, qui avait relâché à la hauteur de l’île pour s’y procurer de l’eau.

L’Irlandais, armé de son mousquet, se rendit à l’endroit du rivage où avait touché la chaloupe, et ordonna au noir de le suivre. Celui-ci fit quelque résistance, et deux fois le mousquet fut mis en joue, mais ne partit pas ; cependant le nègre, intimidé, consentit à obéir.

Alors Patrick mit son mousquet sur son épaule, et conduisit son captif à sa hutte. Chemin faisant, il lui déclara qu’il le considérait désormais comme son esclave, et que la manière dont, il serait traité dépendrait de sa conduite. Au moment où ils suivaient un passage étroit, le nègre, voyant que Patrick n’était pas sur ses gardes, le saisit, le jeta à terre, lui attacha les mains sur le dos, et, le chargeant sur ses larges épaules, l’emporta vers la chaloupe, d’où il fut transporté à bord du navire américain.

Un contrebandier anglais était alors aussi mouillé dans le havre de l’île Charles. Le capitaine condamna Patrick à être fouetté à bord des deux navires, sentence qui reçut son exécution. Après quoi l’Irlandais, les mains étroitement enchaînées, fut reconduit à terre par les contrebandiers anglais.

Ils le forcèrent à montrer l’endroit où il cachait les dollars, produits de la vente de ses légumes aux marins de passage, et ils les lui prirent. Mais pendant qu’ils se faisaient un passe-temps de détruire sa hutte et son champ, le misérable parvint à leur échapper et se cacha parmi les rochers dans l’intérieur de l’île, jusqu’à ce que les contrebandiers eussent remis à la voile.

Alors il sortit de sa cachette, et, au moyen d’une vieille lime qu’il enfonça dans un arbre, il se débarrassa de ses menottes.

Après le mauvais succès de cette première tentative, le farouche Irlandais, plus méchant que jamais, chercha un autre moyen d’arriver à ses fins. Il se promit de-mieux réussir en faisant boire à l’excès les matelots qui se hasarderaient dans son île. Grâce à ce piège, pensait-il, il pourrait les tenir cachés dans quelque endroit d’un difficile accès.

Ce scélérat réalisa ce qu’il avait si bien arrangé, dans ses calculs. Il eut ainsi jusqu’à quatre compagnons qu’il domina tyranniquement. Il fit tout son possible pour leur procurer des armes. On suppose que son