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LES AVENTURIERS DE LA MER


but était de surprendre quelque navire, et, après avoir massacré l’équipage, de s’en emparer.

Si telles étaient ses visées, il dut en rabattre et se contenter d’une embarcation, dont il se rendit maître par fraude, et qui lui permit de gagner le continent américain. Il débarqua à Guayaquil et se rendit à Payta, où sa mauvaise mine le fit arrêter et jeter en prison. Tels sont les faits rapportés par un capitaine Porter, dont il ne faut sans doute pas suspecter la bonne foi.

Nous avons raconté la fameuse rébellion de la Bounty, et suivi le capitaine Bligh et ses compagnons dans cet étonnant voyage d’une chaloupe montée par dix-neuf hommes, qui accomplit une traversée de 1,300 lieues, en n’ayant qu’une très petite quantité de vivres. Il nous reste à dire ce qu’il advint des matelots rebelles demeurés à bord de la Bounty, et retrouvés plus tard dans l’île Pitcairn.

Trente années avaient presque fait oublier cette célèbre mutinerie, lorsque le capitaine Folger, commandant le navire américain Topaz, raconta à Valparaiso qu’il avait découvert dans l’île Pitcairn les derniers survivants de la Bounty. C’était en 1809. L’amirauté anglaise se préoccupa de ce fait.

En 1814, les navires de S. M. britannique le Briton, commandé par sir Thomas Stains, et le Tagus, capitaine Pipon, traversant l’océan Pacifique, reconnurent que non seulement l’île Pitcairn était habitée, mais encore que les insulaires y parlaient très bien l’anglais. Leurs équipages, interpelés dans cette langue, furent peu après visités par les habitants de l’île, venus dans un canot marchant à la voile.

On sut alors ce qu’était devenu le restant de l’équipage de la Bounty après l’expulsion du capitaine Bligh et des marins de son navire demeurés fidèles.

Les rebelles racontèrent que la Bounty, dont l’un d’eux, Fletcher Christian, avait pris le commandement, fut dirigée sur la petite île Tabouai, où les naturels ne voulurent pas laisser s’établir les hommes blancs, leur disputant le terrain pied à pied. On décida de retourner à Taïti.

Ils furent bien reçus par les insulaires qu’ils avaient quittés depuis peu, et à qui ils durent raconter, pour expliquer leur retour, que le capitaine Bligh ayant reconnu une île favorable pour un établissement, y était débarqué avec une partie de son équipage. On les crut, et, suivis de quelques indigènes, les marins révoltés de la Bounty tentèrent, une