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LES AVENTURIERS DE LA MER


Woode Rogers, dans la relation de ses voyages (1712), publia les détails les plus circonstanciés sur le marin qu’il avait trouvé dans l’île Juan-Fernandez. Les aventures de Selkirk eurent dans toute l’Europe un grand retentissement. Daniel de Foë les popularisa bien davantage encore en écrivant son immortel roman de Robinson, pour lequel il utilisa peut-être des indications obtenues directement du marin écossais, devenu l’une des célébrités des tavernes de Londres.

Deux hommes de devoir oubliés dans une île et qui semblaient bien y avoir été abandonnés :

Le capitaine Lütke, de la marine russe, abordant au port de Lloyd, de l’île Peel, — l’une des îles du groupe de Bonin-Sima (Micronésie), — eut la suprise d’y trouver deux matelots établis là dans l’attente d’un baleinier qui devait venir les prendre. Ces deux matelots appartenaient à l’équipage d’un navire baleinier, le Williams, échoué dans une anse du port Lloyd, dans l’automne de 1826. Tout l’équipage s’était sauvé à terre.

À peu de temps de là, un autre baleinier, le Timor, appartenant au même armateur, vint mouiller dans ce port, et tous les naufragés, à l’exception de deux, s’embarquèrent sur ce navire. Ces deux matelots, qui consentaient à demeurer dans l’île pour sauver ce qu’on pourrait du baleinier naufragé, se nommaient Wittrien et Petersen. Le capitaine du Timor leur promit de les délivrer l’année suivante.

Confiants dans cette promesse — qui ne devait pas se réaliser — les deux marins s’installèrent le plus commodément qu’il était possible. Ils construisirent une maisonnette formée de bordages du Williams, couverte de toile à voile. Une table, deux hamacs, un coffre, des fusils, une Bible, un volume de l’Encyclopédie britannique, des instruments de pêche et deux estampes, garnissaient cette habitation unique sur les îles Bonin.

Au rapport du capitaine Lütke, qui s’est complu à décrire la retraite des deux matelots, appelés par lui les anachorètes de Bonin, il y avait attenant un petit réduit, couvert de plaques de cuivre ; à côté un magasin ; un peu plus loin deux marmites pour servir de saunerie ; sur le rivage, deux canots en planches doublés en cuivre ; partout, dans une association de dénûment et de confort, des créations du génie inventif de l’homme.

Divers sentiers conduisaient de la maison à des bancs placés dans les endroits d’où l’on pouvait le mieux découvrir la mer. Les deux marins