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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/273

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LES AVENTURIERS DE LA MER


Le 12 mai, le commandant envoya dresser des tentes sur une île où il y avait de l’eau, du bois et une anse d’un facile accès. Il y fit transporter les malades et y établit un corps de garde. Les naturels nomment cette île Motou-Aro.

Les naturels, montés dans leurs pirogues, apportaient tous les jours des quantités de poissons qu’on recevait en échange de verroteries et de clous ; ils ne s’éloignaient qu’à la nuit. Ils se montraient doux, caressants même, et bientôt ils connurent tous les officiers par leurs noms. On communiquait avec les naturels à l’aide du vocabulaire de Taïti, bien que cette île soit distante de plus de six cents lieues de la Nouvelle-Zélande.

Peu de jours après l’arrivée dans la Baie-des-Îles, le commandant fit diverses courses le long des côtes, et dans l’intérieur du pays, pour chercher des arbres propres à faire des mâts pour le Castries. Les Maoris l’accompagnaient partout. Le capitaine trouva une forêt de cèdres magnifiques, à deux lieues dans l’intérieur des terres, et à portée d’une baie peu éloignée des vaisseaux.

Là, on forma un établissement dans lequel furent placés les deux tiers des équipages, avec les haches, les outils, et tous les appareils nécessaires pour abattre les arbres, faire les mâts, et aplanir les chemins, afin de les amener sur le bord de la mer.

Les Français eurent bientôt de la sorte trois postes à terre : l’un sur l’île Motou-Aro, consacré aux malades ; il s’y trouvait une forge, où l’on préparait les cercles de fer destinés à la nouvelle mâture du Castries, et toutes les futailles vides, avec les tonneliers pour faire leur eau. Ce poste était gardé par dix hommes. Un second poste établi sur la grande terre, au bord de la mer, servait d’entrepôt et de point de communication avec le troisième poste, celui des charpentiers, qui travaillaient au milieu des bois…

Malgré tous les témoignages d’obéissance et d’affection que leur donnaient les sauvages, les Français se tinrent longtemps sur leurs gardes. Peu à peu, cependant, la confiance s’établit, au point que le commandant, qui d’abord ne laissait jamais aller les canots à terre que bien armés, se relâcha de cette précaution. Comment en eût-il été autrement ? Lorsque le capitaine Marion était à bord de son vaisseau, la chambre du conseil se remplissait de naturels qui lui apportaient leurs plus beaux poissons ; lorsqu’il allait à terre, ils l’accompagnaient avec de grandes démonstrations de joie ; les enfants même le caressaient et l’appelaient par son nom.