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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/284

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LES AVENTURIERS DE LA MER


vailleurs leur assistance. Plusieurs embarcations étaient parties déjà, lorsque le capitaine fut effrayé par une rumeur qui glaça son sang dans ses veines : c’était le cri de guerre des sauvages.

« Je ne sais, a-t-il dit dans sa relation, je ne sais si le feu d’un volcan, si la secousse inattendue d’un tremblement de terre, si la foudre, brisant en éclats le pont de l’Antartic, m’eussent causé un saisissement, une terreur égale à ce que me fit éprouver cet infernal hurlement. Je vivrais toute l’éternité, que jamais il ne cesserait de retentir à mes oreilles, jusque dans mes songes. Je ne connaissais que trop bien les suites meurtrières de ce cri fatal, et je n’étais pas là pour protéger mes compagnons !… »

La batterie de bâbord de l’Antartic portait directement sur le village, et, sans songer à la trop grande distance, le capitaine Morrell saisit une mèche allumée et mit le feu à l’une des pièces. Le boulet dut être perdu ; mais la détonation de la pièce d’artillerie donna l’alarme aux hommes, qui, dispersés dans les bois, s’occupaient de leurs différents travaux. Ils comprirent que la paix était rompue avec les naturels, et ils coururent au rivage, où, en face du schooner, ils avaient laissé leurs armes sous la garde de deux des leurs. En y arrivant, ils se trouvèrent en présence d’une multitude de sauvages, qui venaient de massacrer les gardiens des armes, et attendaient les marins l’arc tendu, prêts à tirer.

Au moment où les hommes de l’Antartic sortirent du taillis, une grêle de flèches fut dirigée contre eux. Mais une chaloupe arrivait au secours des marins attaqués. — Courage, disait l’officier qui la commandait, courage, mes amis, forçons la marche ! Courage ! pour l’amour de Dieu, sauvons nos frères !

Et les dix rameurs se courbèrent sur leurs rames.

Cependant les pauvres marins vendaient chèrement leur vie. Wallace, dont la bravoure mieux encore, que le nom atteste la noble origine, rallie ses hommes, secondé par son ami Willey. Voyant qu’il s’agit d’un massacre général, qu’il n’y a aucun quartier à attendre, le vaillant officier, déjà percé de trois flèches, anime encore ses compagnons.

— Mes braves compagnons, s’écrie-t-il, mourons au moins en gens de cœur ! Serrons nos rangs ! le coutelas au poing, et suivez-moi ! S’il est pour nous quelque chance de salut, ce n’est qu’en passant sur le corps de l’ennemi !

Mais la bravoure des matelots anglais et américains ne peut rien contre le nombre de ceux qu’ils combattent avec furie. Criblé de flèches,