CHAPITRE XXIV
Les régions polaires sont fertiles en naufrages d’un caractère particulier. Le navire arrêté dans les glaces est sous la puissance d’une étreinte dont il lui est impossible de se dégager ; ses membrures craquent et gémissent, et, si une tourmente survient, il est broyé par la pression de la banquise qui éclate de toute part sous l’effort de l’onde bouillonnante.
Il lui faut attendre la débâcle ; et elle peut se produire dangereuse, terrible, les glaces se brisant, se soulevant, d’énormes blocs étant lancés en l’air et menaçant d’écraser le navire le plus solide.
La moindre commotion détache l’avalanche avec un bruit formidable ; la masse ébranlée tombe ; elle roule, plonge, fait jaillir jusqu’au ciel des tourbillons d’écume. Longtemps elle se balance au sein des vagues agitées.