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LES AVENTURIERS DE LA MER


Captain avait dû couler dans la dernière nuit, par un coup de vent du sud-ouest avec grains très lourds. À deux heures du matin, ce navire naviguait de conserve avec le vaisseau-amiral ; au point du jour le Captain manquait.

Dans l’après-midi, les divers navires composant l’escadre furent envoyés dans toutes les directions, jusqu’à dix ou quinze milles ; mais ils ne virent rien. Rappelés, et rangés sur une ligne de front, ils recommencèrent les recherches. Cette fois, un grand nombre de débris furent rencontrés, des canots et des espars, et même le cadavre d’un matelot. Il n’en fallait plus douter : le Captain avait coulé pendant un des gros grains de la nuit.

L’amiral Milne envoya deux de ses navires pour inspecter le littoral du cap Finisterre ; l’un d’eux eut la satisfaction de ramener un officier et dix-sept hommes, qui, montés dans la chaloupe, avaient touché terre à quatre heures du matin. Chose remarquable, tous ces hommes appartenaient aux marins de quart : c’est-à-dire que tous ceux qui dormaient, ceux qui dirigeaient ou chauffaient les machines, avaient trouvé une horrible et prompte mort.

On sut alors que, pendant le coup de vent de la nuit, le Captain avait eu un grand roulis sur le tribord : avant de pouvoir se relever, il avait été atteint par une lame ; la passerelle, ou pont de mauvais temps, présentant au vent un obstacle comme aurait pu le faire une voile, le Captain chavira, et coula en peu de minutes, d’abord par l’arrière…

Ce fut un épouvantable malheur pour les populations maritimes de l’Angleterre ; les familles et les amis de six cents victimes étaient plongés dans le deuil ! Plymouth avait fourni plus d’un tiers de l’équipage ; Portsmouth, Devonport étaient aussi particulièrement éprouvés. À Portsea, dans une seule rue, trente femmes devenaient veuves par cette catastrophe. L’une d’elles mourut de saisissement.

Avec le capitaine Burgoyne, fils du maréchal de camp Burgoyne, se trouvaient à bord du navire naufragé, et périrent, celui qui en avait donné les plans, le capitaine Phipps Coles, un fils de M. Childers, alors premier lord de l’amirauté, le plus jeune fils de lord Northbrook, le troisième fils de lord Herbert de Lea et lord Lewis Gordon, frère du marquis de Huntley.

Le Captain avait été construit sur les plans du capitaine Coles. Cet officier distingué avait remarqué que lors de la prise de Kinburn par les batteries françaises, tandis que la carapace de ces batteries arrêtait les