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LES AVENTURIERS DE LA MER


qui s’enfonçait sous leurs pieds, aux dangers plus prochains qu’allait courir une frêle embarcation au milieu d’une mer démontée.

La chaloupe était à peine sortie de la houache du navire, sur l’arrière duquel une cinquantaine de personnes s’étaient réunies, qu’une véritable trombe d’eau s’abattit sur ces malheureux, qu’elle entraîna en se retirant. Le London se releva lentement et pour la dernière fois ; un instant après il s’enfonça par l’arrière en lançant sa proue dans les airs et disparut dans l’abîme.

Dans la chaloupe avaient pris place dix-neuf personnes, parmi lesquelles trois passagers de deuxième classe. Mais les naufragés n’emportaient pour toute provision qu’un peu de biscuit ; pas une goutte d’eau. N’ayant pas de voiles, la chaloupe put seulement se maintenir à flot vent arrière, exposée à chaque instant à être submergée. Le lendemain les survivants du London furent recueillis par le trois-mâts-barque italien Marianople, venant de Constantinople avec un chargement de blé pour Cork.

Souvent, dans cette mer en fureur, où les vagues énormes creusent entre elles des vallées qui sont des gouffres, sous un ciel noir où se déchirent les nuages, le navire qui se cabre, après avoir gravi mille fois les pentes verdâtres où bouillonne l’écume que le vent emporte, après avoir redescendu mille fois, sans sombrer, ces hideuses pentes des vagues, rencontre tout à coup l’écueil qui assure sa perte. Le marin allait mourir entraîné au fond de cette mer où le laissent s’abîmer ses forces vite épuisées, ses membres raidis par le froid de l’eau ; maintenant, à cette horreur dans la mort s’en ajoute une autre : il peut aussi être broyé, mourir d’un trépas sanglant. Ici les exemples abondent.

Dans une bourrasque accompagnée de pluie, de grêle et de neige qui empêcha pendant plusieurs jours défaire aucune observation nautique, la galiote anglaise le Nottingham, armée de dix canons, et montée par quatorze hommes d’équipage, fit naufrage sur le rocher de Boon-Island, à proximité du littoral de l’Amérique septentrionale, le 11 décembre 1710.

Le poète anglais Falconer a décrit, dans son poème du Naufrage, les phases d’une tempête qui assaillit, non loin de la côte de Candie, le vaisseau Britania, sur lequel il se trouvait, et qui fit naufrage dans cette tempête (1760). Tout l’équipage périt, sauf trois personnes, en comptant Falconer.

Le vent fraîchissait, le vaisseau longeait la côte. On prend un ris dans