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LES AVENTURIERS DE LA MER


La nuit était tombée. La foule atterrée qui couvrait la plage, distinguait à peine le bâtiment au milieu d’une mer où les vagues se succédaient avec rapidité, agitées par un vent violent. Le bruit qu’elles faisaient, empêchait d’entendre les cris de détresse des naufragés.

À quelle extrémité se trouvait le navire ? Un mât roulé par le flot aux pieds de toute une population angoissée vint donner la réponse. Des tonneaux, toutes sortes de débris suivirent bientôt ce mât ; puis des cadavres de femmes, des cadavres d’enfants furent apportés par les vagues… À onze heures du soir la mer avait rendu déjà une trentaine de corps : on rappela un peu de chaleur dans quelques-uns de ces corps : deux femmes ouvrirent les yeux, mais pour mourir aussitôt. Trois hommes de l’équipage survécurent seuls à la catastrophe : un bosseman — c’est le second contre-maître dans la marine anglaise — nommé John Owen, et deux matelots.

C’est au milieu d’un ouragan qu’échoua en travers de l’entrée de Parakia, petit port de l’Archipel, le vaisseau de haut bord le Superbe, faisant partie de la division du Levant et qui portait huit cents hommes d’équipage (14 décembre 1833). Ce beau vaisseau se brisa sur les récifs ; mais l’équipage fut sauvé, à l’exception d’un marin tué par la chute du mât de beaupré et huit autres noyés.

Dans l’impossibilité d’établir un va-et-vient, on avait dû procéder au sauvetage en jetant à la mer tout ce qui pouvait flotter, — portes, tables, cloisons, caisses ; tout cela fit autant de petits radeaux sur lesquels prirent place les hommes les plus hardis. Le grand canot, à peine à flot, avait été jeté sur des rochers et brisé. La chaloupe, avec plus de bonheur, put transporter à terre quatre-vingts naufragés. Un grand radeau, construit à la hâte, fut également utilisé ; enfin un caïque parvint à sauver les derniers hommes demeurés accrochés aux débris dû vaisseau.

Le 8 septembre 1885, la Ville-de-Malaga sombrait dans la Méditerranée. Ce navire de la Compagnie Morelli (autrefois Valery) était un vapeur de 1 000 tonneaux, usé, très ancien et se comportant mal à la mer. Il avait embarqué à Livourne une quarantaine de passagers et un chargement de marbre à destination de Nice et de Marseille. Durant la relâche qu’il fit à Gênes, il embarqua cent dix bœufs. Il quittait ce port avec soixante-six passagers et vingt-huit hommes d’équipage.

Au moment du départ, des capitaines marins et plusieurs officiers du port observèrent que le chargement avait été très mal aménagé, ce qui