Aller au contenu

Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
LES AVENTURIERS DE LA MER


Sénégal. Le lendemain, à onze heures et demie du soir, le navire fit côte au nord de Mazagan, sur le littoral marocain. Il s’ensabla à deux ou trois encâblures de terre.

Peu d’années auparavant, on eût pu voir accourir sur le rivage des populations avides de pillage et de meurtre, leurs cris de joie se mêlant au vacarme de la tempête. Heureusement les temps étaient changés.

À quatre heures du matin, le 7, le navire était rempli d’eau, son pont balayé par une mer que le vent fouettait. Peu après, la cheminée tombait et écrasait plusieurs personnes.

Plusieurs hommes s’élancèrent dans la mer pour saisir les débris des embarcations dont le navire était entouré, ou tenter de se sauver à la nage. La plupart périrent. Ceux qui abordèrent à la plage trouvèrent des Marocains empressés à leur venir en aide. Ils allumèrent un grand feu pour réchauffer les naufragés.

À onze heures du matin, le grand mât, qui jusque-là avait résisté, bien que le Papin fût coupé en deux, à l’arrière des tambours, s’abattit en écrasant dans sa chute un grand nombre de personnes.

Enfin les Marocains, encouragés par M. Redmann, agent consulaire de France et d’Angleterre, tentèrent d’opérer le sauvetage. En moins de deux heures, ils eurent ramené quarante-quatre personnes à terre, en les portant sur leurs épaules, et en nageant par une mer encore très grosse. Dans ce naufrage périrent M. Marey-Monge, consul à Mogador, M. Fleuriot de Langle, commandant du navire, tout l’état-major, à l’exception de M. de Saint-Pierre, volontaire, et près de la moitié de l’équipage.

C’est encore une tempête qui jeta sur le récif d’Aleranes, dans le golfe du Mexique, le bateau à vapeur de la compagnie des Indes Occidentales, le Tweed, de 1 800 tonneaux, et de la force de 500 chevaux, commandé par le capitaine George Parsons (9 février 1846). La perte de ce beau steamer fit soixante-douze victimes. Le navire faisait voile de la Havane se rendant au Mexique, portant à son bord un équipage de quatre-vingt-neuf hommes, plus soixante-deux passagers ; sa cargaison ; composée principalement de mercure, valait environ 20 000 livres sterling (500 000 francs).

Au milieu de la nuit, le capitaine se tenait sur le pont lorsque retentit le cri d’une des vigies : Brisants devant !

« Aussitôt, lisons-nous dans la relation d’un des naufragés, le capi-