Aller au contenu

Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

été blessé ; la femme Morel, âgée de soixante ans, avait été atteinte et tuée au moment où elle cherchait à faire à ses fils un rempart de son corps. Le crime en lui-même, malgré toute son horreur, malgré la préméditation et la lâcheté avec lesquelles il avait été commis, n’aurait probablement pas suffi seul pour soulever le peuple et l’irriter contre les coupables ; car, à ses yeux, l’énormité du forfait ne faisait que relever la grandeur et l’efficacité d’un privilége qui lui était cher. Mais quelques gentilshommes, dont les opinions en matière de religion lui étaient suspectes, se trouvaient compromis dans cette affaire. Le baron de Clères, dont les veneurs et les varlets de chiens y avaient trempé, ne passait pas non plus pour assez bon catholique, lui que naguère les religionnaires avaient regardé comme un émissaire des Guise, comme un persécuteur de la religion. De là, beaucoup de fermentation parmi le peuple, qui ne pouvait oublier les excès dont les protestans s’étaient souillés en 1562, les mauvais traitemens qu’ils avaient prodigués aux catholiques, les malheurs d’un siége de trois mois, et l’horreur d’un pillage de trois jours, qui avait ruiné un grand nombre des habitans de la ville. Ce peuple aurait pu s’en rapporter aux chanoines de Notre-Dame, aussi peu enclins que lui, on le croira sans peine, à favoriser du privilége ceux qui en avaient, huit ans auparavant, empêché l’effet. Mais la veille