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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/35

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sensation vive et profonde. Nécessairement, les hagiographes contemporains du saint, ceux qui ont écrit dans les tems les plus rapprochés de l’époque de sa mort, les historiens, les chroniqueurs qui écrivaient alors, et ceux des tems immédiatement postérieurs, ont dû signaler ce miracle comme le plus éclatant de tous ceux attribués à saint Romain. De même, ils n’ont pas pu oublier le privilége de délivrer tous les ans un meurtrier, privilége exorbitant, qui, à en croire la légende, aurait dû sa naissance à ce miracle même.

Mais, en revanche, si les plus anciens hagiographes qui aient parlè de saint Romain ; si les historiens et les chroniqueurs contemporains du prélat, ou ayant écrit dans les tems qui ont suivi sa mort ; si les annalistes français et surtout normands, qui ont vécu aux époques les plus rapprochées de celle où existait le saint, n’ont parlé ni du miracle du dragon, ni du privilége dont, plus tard, on voulut trouver le principe dans ce fait merveilleux ; évidemment, le miracle aura été inventé à plaisir, et le privilége, destitué de cette origine fabuleuse, en aura quelque autre qu’il faudra s’efforcer de découvrir.

Voyons donc, d’abord, les plus anciennes vies de saint Romain, et cherchons-y les premiers récits du miracle de la gargouille, et de l’origine de la délivrance annuelle d’un prisonnier.