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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/591

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qu’on vouloit se saisir de sa personne, en vertu de l’arrêt du parlement qui l’avait délivré pour la cérémonie seulement, il sortit sans bruit de la cathédrale, à la faveur de la nuit. La grand’messe fut célébrée comme elle l’était ordinairement à pareil jour ; et sans doute elle ne finit pas avant minuit.


1641. Trois frères lèvent la fierte, pour avoir tué un homme qui avait déshonoré leur sœur.

En 1641, la fierte fut donnée à trois gentilshommes coupables d’un meurtre dont les circonstances étaient affreuses, mais qu’excusait, jusqu’à un certain point le sentiment bien naturel qui paraissait avoir animé ses auteurs. Les sieurs De Bérard, gentilshommes de Touraine, étaient avertis qu’une intimité criminelle existait entre un sieur Postel d’Ormois et Marguerite De Bérard, leur sœur. L’un de ces gentilshommes, page du prince de Guéméné, avait épié les deux amans, et, par l’ouverture de la serrure, « les avoit veu faire une action non licite qu’aux gens mariés. » Il en avertit ses deux frères, et ils résolurent tous les trois de tâcher de surprendre le sieur D’Ormois et leur sœur « en l’estat que leur jeune frère les avoit veus, affin de les faire espouser ensemble », et réparer ainsi l’offense faite à leur maison. C’était au manoir de la Grillonnière, appartenant à leur mère, que se passaient ces scènes honteuses. Accompagnés de deux gentilshommes, leurs cousins, ils s’y rendirent une nuit, fort secrètement. Arrivés aux portes du