Aller au contenu

Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
L’ATELIER D’INGRES

tion gratuite devait être donnée, ne serait-ce pas plutôt à ces malheureux enfants dont les pères sont obligés de payer sur leur gain à eux cet apprentissage fort long et fort cher ?

« Il n’y a pas d’école gratuite de menuiserie, de serrurerie, de maçonnerie, états bien autrement utiles que la peinture, indispensables même ; mais, comme il y a une école gratuite des arts du dessin depuis 1793, une École de Rome depuis Colbert, la routine est là, qui empêchera bien qu’on n’y touche. L’École des Beaux-Arts ! cette arche sainte ! ce sanctuaire des traditions ! Que de Prudhommes auraient des phrases toutes faites ! combien de cris de tous les côtés !… Et puis, ça dérangerait tant de monde !

« Non, elle est là ; il faut qu’elle y reste : il faut que tous les ans elle mette sur le pavé de Paris cent malheureux jeunes gens, qui auraient peut-être fait d’excellents ouvriers, et qui seront réduits, pour vivre, à colorier des photographies.

« On m’a fait quelquefois cette observation naïve, que plus le nombre d’artistes est considérable, plus on a de chances d’y trouver un homme supérieur.

« Je ne répondais qu’un mot : « Mais les autres, qu’en faites-vous ? » Ah ! si ces artistes s’étaient créés tout seuls, comme les poètes et les auteurs dramatiques, sans encouragements,