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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/106

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L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS.

celui de poëte, il n’y a pas besoin d’école où on vous l’enseigne. Théophile Gautier me disait un jour qu’il m’apprendrait à faire des vers en une heure. Il n’a pas ajouté que je les ferais comme lui.

« Jamais il n’a existé d’école des beaux-arts chez un peuple vraiment artiste, ni à une belle époque de l’art.

« On sait comment les choses se passaient alors. Les grands maîtres recevaient chez eux, à titre d’apprentis, les jeunes gens que leur vocation portait vers les arts. Leur rôle, en commençant, était des plus simples. Les soins matériels de l’atelier leur étaient probablement confiés ; mais la vie commune avec le maître, la vue de ses ouvrages, qu’il exécutait en leur présence, c’était déjà beaucoup plus que ne peuvent donner toutes les écoles du monde. Peu à peu leur intelligence se développait, leur instruction se formait, et ils étaient admis un jour à aider plus particulièrement le maître, à travailler même dans ses ouvrages, jusqu’au moment où ils se sentaient enfin assez forts pour voler de leurs propres ailes.

« Je ne crois pas qu’on ait encore rien inventé de mieux. C’est ce qui se fait, du reste, encore aujourd’hui, pour tous les métiers ; mais l’apprentissage se paye, et cependant, si une éduca-