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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/14

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UNE SÉANCE À L’INSTITUT.

entrez donc chez Ingres, qui va ouvrir un atelier, et qui est le seul homme aujourd’hui capable d’enseigner et de remettre dans une voie noble et élevée notre école qui dégénère. »

Le nom d’Ingres, qui depuis très–peu de temps commençait à avoir dans le public un certain retentissement, ne me présentait à l’esprit que quelque chose d’assez vague ; ses tableaux m’avaient frappé plus par leur originalité, qui me semblait de la bizarrerie, que par leur beauté réelle. Aussi avaient–ils fait pour moi, de M. Ingres, un type d’ancien maitre, et son éloignement de Paris ajoutait à cette impression. En disant à M. Varcollier que je croyais Ingres en Italie, ma pensée était plutôt que je ne le croyais pas de notre temps.

Il ne faut pas oublier que j’avais dix-sept ans, que je sortais du collège, et que j’avais été élevé au milieu des peintres de l’Empire, tous amis de mon père, et dont les noms illustres étaient bien capables d’imposer à ma jeune imagination. Il m’eût donc été bien difficile de saisir du premier coup les beautés de la peinture de M. Ingres, si différente de la peinture de ces maîtres-là, et dont l’étude seule devait me faire apprécier toutes les admirables qualités.

« Si Ingres est à Paris ? me répondit M. Varcollier, tenez… le voilà… »