Aller au contenu

Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
LA VIE À FLORENCE.

formes arrondies et bêtes[1]. C’était une capitale, avec boutiques éclairées a giorno pour étaler aux yeux des passants des étoffes et des mannequins habillés en belles dames. Et tout cela si brillant, si étincelant, que l’œil ébloui ne peut plus apercevoir le palais Strozzi, une merveille ! Que dire aussi de ce pauvre cher café Doney, méconnaissable dans son luxe ? un vrai café du boulevard, fond blanc, avec les pâtes dorées que les architectes de notre époque affectionnent particulièrement. C’est hideux.

Mais je ne veux pas décrire cette nouvelle ville, ni la trop décrier ; elle a ses admirateurs, et les gentlemen-riders et autres qui passent lungo l’Arno, conduisant des équipages à quatre chevaux, sont contents, et ont bien autre chose à faire que d’admirer les chefs-d’œuvre de leurs vieux artistes.

Qu’on me permette de dire ce qu’était Florence en 1835, et peut-être ferai-je naître quelques

  1. Tout le monde connaît le square de la Trinité. Les organisateurs de ces jardins, qui sont d’une utilité incontestable, et pourraient être charmants, trouvent le moyen, dans un espace de cinquante mètres, de faire des vallonnements, des mouvements de terrain ; cela les amuse : rien de mieux. Mais devant un monument, sur la place qui le précède et qui doit l’asseoir par son horizontalité et en accompagner les lignes, faire des monticules, du pittoresque de jardinets d’enfants, qui de loin lui ôtent, pour l’œil, son assiette, sa solidité… voilà ce que j’ai peine à comprendre, et je trouve Balu bien indulgent de l’avoir souffert.