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Page:Amiel - Grains de mil, 1854.djvu/203

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sées, de dards, de grenades et d’armes de prix qui, pour devenir un musée, n’attendait qu’un architecte et un distributeur. On reconnaît trop dans ce discours l’Homme aux petits sacs. Mais pour la science de l’expression, pour l’art de la période, de l’image et de la formule, pour la manière de traiter littérairement la métaphysique, Rivarol est un modèle. Il s’entend en maître à insinuer les figures et les couleurs dans l’abstraction. Il a su identifier le talent avec l’intelligence et l’éloquence avec la didactique. Ce qui le caractérise, c’est que chez lui la pensée s’enveloppe toujours d’esprit et l’esprit d’imagination. Son style, toujours animé par la verve et tempéré par la grâce, se réchauffe souvent aussi par l’âme. En un mot, harmonieux, délié, brillant et profond, il n’a manqué à Rivarol du grand écrivain que la patience.

CLVIII. — LES ÉTOILES DE JOUR.

C’est du fond des puits immenses que dans le jour on voit les étoiles ; c’est dans le profond des âmes que, pendant le tumulte de la vie, on entend la voix de Dieu.

CLIX. — LE MOUVEMENT DE LA VIE.

Notre vie intérieure décrit des courbes régulières analogues aux courbes barométriques, indépendamment des bouleversements accidentels que les orages divers des sentiments et des passions peuvent soulever en nous. Chaque âme a son climat,